6/2014 Actualité internationale
Synthèse de l’actualité internationale de juin 2014

Par Axelle DEGANS, le 1er juillet 2014  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Agrégée d’histoire, co-auteure de Les grandes questions internationales, éd. Studyrama 2013 et auteure du livre Les pays émergents : de nouveaux acteurs, Ed. Ellipses, collection CQFD, 2011. Professeure d’histoire, de géographie et de géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales au Lycée Dessaignes (Blois).

Synthèse de l’actualité internationale de juin 2014 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique ou finalisent un concours. Pour ne rien manquer, le mieux est de s’abonner à notre compte twitter.com/diploweb.

La Syrie des El-Assad

Sans surprise, Bachar El-Assad a remporté, avec plus de 88% des suffrages, l’élection présidentielle en Syrie. L’opposition conteste ce scrutin et pendant ce temps, la guerre civile continue. Le président nouvellement élu annonce une vaste mesure d’amnistie qui devait concerner plusieurs milliers de prisonniers.

L’Irak menacé par les jihadistes

Alors que le niveau de violence a atteint, selon l’Onu, au mois mai 2014 celui de 2008 avec 800 morts, l’Irak est victime d’une attaque jihadiste qui vise à créer un Etat islamique. Les jihadistes sunnites de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont avancé très vite et quasiment sans combat prenant des villes comme Tikrit (ancien bastion de Saddam Hussein) et même Mossoul, l’une des plus importantes villes du pays. Cette organisation, initialement soutenue par des pays comme le Qatar ou l’Arabie saoudite, particulièrement radicale contrôle désormais des territoires en Syrie comme en Irak d’Alep à Mossoul. Elle menace donc les richesses pétrolières de l’Irak, Bagdad, l’intégrité même du pays....et la stabilité régionale. La stupéfiante avancée de l’EIIL repose sur le délitement de l’armée irakienne et plus généralement la décomposition du pays.

Les Américains ont affaibli les Sunnites et les ont mal intégrés à l’Irak post-Saddam Hussein, privilégiant les Kurdes et les Chiites maltraités sous le dictateur.

Les Kurdes ont pris le contrôle de Kirkouk pour éviter qu’elle ne tombe dans les mains des jihadistes. Cela ne fait que renforcer le constat de faiblesse du pouvoir d’Al Maliki qui organise la défense de la capitale. Le bilan de l’Irak post intervention américaine est désastreux... B. Obama se dit prêt à envoyer 300 conseillers militaires, mais ne souhaite pas envoyer de nouveau l’US Army, qui serait d’ailleurs mal reçue. Les Américains ont affaibli les Sunnites et les ont mal intégrés à l’Irak post-Saddam Hussein, privilégiant les Kurdes et les Chiites maltraités sous le dictateur. L’unité du pays en est sortie affaiblie, et paradoxalement un axe Washington-Téhéran pour maintenir la stabilité régionale est maintenant envisageable, pour la première fois depuis 1979.

Le premier ministre Nouri Al Maliki estime que la déstabilisation de son pays est une menace pour la paix mondiale...

Un Pakistan sous tension

Le pouvoir pakistanais organise une opération militaire dans les provinces tribales du Nord-Ouest du pays – le Waziristan - contre les Talibans qui y ont installé leurs bases. Cette opération entraine un exode important de civils, peut-être plus de 30 000. Le pouvoir essaie de reprendre le contrôle d’une région longtemps base arrière des interventions armées en Afghanistan.

Le Nigéria, terre de terrorisme

L’Etat de Borno dans le Nord-est du pays a été le théâtre de nouvelles violences. Le groupe terroriste Boko Haram s‘attaque à des villages. Il a tué une trentaine d’hommes et enlevé une soixantaine de femmes et d’enfants confirmant son pouvoir de nuisance. Il a mis en place une stratégie d’extorsion basée sur l’échange d’être humains, voire leur vente. Ces pratiques ne sont pas sans rappeler celles des razzias et de l’esclavage.

L’Union africaine se déclare préoccupée par les progrès du jihadisme en terre africaine.

Le temps des anniversaires...

Le 4 juin 1989 le pouvoir chinois réprimait dans le sang la révolte estudiantine.

Aujourd’hui, la jeunesse chinoise méconnait largement la répression de Tiananmen qui continue pourtant de hanter l’exécutif de l’empire du Milieu.

25 ans après, le PCC continue à maintenir dans l’ombre la répression de la place Tiananmen, espérant qu’elle sombre dans l’oubli. La censure apporte-telle pour autant l’oubli ? Le parti communiste chinois (PCC) a fait le pari des réformes économiques – qui ont métamorphosé le pays – contre la démocratisation politique. Aujourd’hui, la jeunesse chinoise méconnait largement la répression de Tiananmen qui continue pourtant de hanter l’exécutif de l’empire du Milieu.

Nous commémorons le 70ème anniversaire du débarquement allié en Normandie, le 6 juin 1944. Elisabeth II a été l’invitée d’honneur d’un pays qui sait ce qu’il doit aux Britanniques lors des « années noires ». La France a mis les petits plats dans les grands, multipliant les cérémonies pour ses prestigieux invités : Barack Obama, David Cameron, Vladimir Poutine... une vingtaine de chefs d’Etats parmi les 8 000 invités. Nouveauté, les victimes civiles normandes ont reçu un hommage.

F. Hollande a reçu une fin de non-recevoir concernant la négociation l’amende que devrait payer BNP-Paribas pour avoir fait des affaires avec des pays mis à l’index par Washington.

Le monde est à l’heure du Mondial sur fonds de scandale

De nombreux Brésiliens reprochent au gouvernement le coût des travaux pour accueillir cette grande messe sportive alors que tant reste à faire dans ce grand pays émergent, ou « émergé » selon Hervé Théry. Les inquiétudes ont été vives en cas d’élimination prématurée de la Seleçao.

Finalement, ce n’est pas si cher de s’offrir un Mondial...

Un parfum de scandale entoure aussi l’attribution au Qatar du Mondial de 2022. Mohammed Bin Hamman, ancien président de la confédération asiatique de football est soupçonné d’avoir distribué des pots-de-vin. Selon le journal britannique Sunday Times, certains présidents de fédérations africaines ont reçu jusque 200 000 $, ce que l’intéressé et le Qatar démentent.

L’Espagne crée la surprise

En Espagne, le roi Juan Carlos annonce son abdication au profit de son fils. La famille de ce roi malade est rattrapée par les « affaires ». La chasse à l’éléphant au Bostwana et les affaires de corruption qui touchent son beau-fils et rattrapent l’infante Cristina ont fortement dégradé l’image de ce monarque d’un pays en difficulté économique. Le nouveau roi Felipe VI a juré fidélité à la Constitution le 19 juin, sans faste, les autres têtes couronnées n’y ont pas participé. C’est un roi de 46 ans à la tête d’un pays frappé par un chômage de masse, un pays dont l’unité est menacée par l’indépendantisme de la Catalogne, un pays qui s’interroge sur le bienfondé de conserver à sa tête une famille royale.

L’équipe nationale de la Roja a été éliminée dès les débuts de la coupe du monde.

L’Allemagne et la nouvelle question énergétique

L’Allemagne d’Angela Merkel a été à l’origine du paquet « énergie-climat » qui a pour objectif de promouvoir les énergies renouvelables et de diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES).

La Realpolitik éloigne Berlin d’un développement durable.

Au lendemain de l’incident nucléaire de Fukushima en 2011, cette même Allemagne annonce sa sortie du nucléaire pour la prochaine décennie. L’Allemagne doit préparer un nouveau mix énergétique, elle choisit de rouvrir des mines à charbon pour pallier la baisse de production de l’électricité d’origine nucléaire. Les tensions en Ukraine inquiètent les autorités allemandes qui sont sur le point d’autoriser la fracturation hydraulique pour exploiter les gaz de schistes. La Realpolitik éloigne Berlin d’un développement durable.

Un difficile équilibre politique au sein de l’Union européenne

Les élections européennes ont modifié l’équilibre interne du parlement. Les élus cherchent à se réunir en groupes parlementaires qui représentent au moins 7 pays pour pouvoir obtenir des présidences de commissions. Les Français y ont envoyé de nombreux députés frontistes qui ne sont pas parvenus à constituer un groupe européen (les propos de l’ancien président du FN ont renforcé l’Ukip dans son refus d’une alliance avec le FN). Le poids de la France décline au sein du parlement européen.

Comment le Royaume-Uni peut-il à la fois prétendre sortir de l’UE - au risque d’achever ainsi l’Europe de la défense - et vouloir peser sur le choix du président de la Commission européenne ?

La nomination à la tête de la commission européenne –en remplacement de José Manuel Barroso - est l’objet de nombreuses tractations. David Cameron a affiché son refus de voir le démocrate-chrétien luxembourgeois Jean-Claude Juncker accéder à ce poste. En lui reprochant d’être trop fédéraliste, il agit pour calmer les critiques internes dans son pays où l’euroscepticisme est fort. Jean-Claude Juncker est néanmoins devenu le nouveau président de la commission européenne, ce qui isole le Royaume uni. Un pays qui agite la possibilité de quitter l’Union européenne...

Un problème structurel de gouvernance en Belgique

Les élections législatives de mai 2014 ont donné la victoire aux nationalistes flamands (N-VA), mais son leader Bart De Wever ne parvient pas à constituer un gouvernement de coalition. Il faut quand même se souvenir que le précédent gouvernement a été trouvé dans la douleur après 541 jours de négociation... Une Belgique introuvable si ce n’est pour Stromae et les diables rouges ?

La situation reste très tendue en Ukraine

La frontière ukraino-russe reste très sensible, les séparatistes en appellent ouvertement à Vladimir Poutine après avoir abattu un hélicoptère ukrainien, tuant 9 soldats. Le nouveau président ukrainien Petro Porochenko a annoncé un plan d’apaisement qui propose la mise en place d’une zone tampon de 10 km à la frontière ukraino-russe, la possibilité pour les paramilitaires russes de rentrer chez eux et un cessez-le-feu. Le bras de fer de Gazprom sur les livraisons de gaz et les multiples violences fragilisent la position de Porochenko. Le 28 juin 2014, Kiev, comme la Moldavie et la Géorgie, signe les accords d’association avec l’Union européenne, ceux-là mêmes qui sont l’objet du début de la crise ukrainienne. Ce sont des accords de libre-échange qui doivent en contrepartie amener des approfondissements démocratiques chez les partenaires de l’Union européenne. A noter, les trois pays avec lesquels l’UE vient de signer un accord d’association – Géorgie, Moldavie, Ukraine – ne sont pas souverains sur la totalité de leur territoire. Ils sont tous pénalisés par une présence russe (Ossétie du Sud et Abkhazie, Transnistrie, Crimée, voire Ukraine orientale). Ce qui donne à Moscou quelques points pour peser sur l’avenir de sa périphérie

Juin 2014-Degans/Diploweb.com


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Voir une présentation d’un ouvrage auquel Axelle Degans a contribué "Les grandes questions internationales", L. Briday, A. Chaffel, P. Dallenne, A. Degans, éd. Studyrama


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