5/2015 Actualité internationale
Synthèse de l’actualité internationale de mai 2015

Par Axelle DEGANS, le 31 mai 2015  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Professeur de chaire supérieure. Agrégée d’histoire, notamment co-auteure de Un monde multipolaire. Géopolitique et géoéconomie, Coll. CQFD, Paris, Ellipses, 2014 ; et Les grandes questions internationales, Paris, Studyrama 2013. Professeure d’histoire, de géographie et de géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales.

Voici une synthèse de l’actualité internationale de mai 2015 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique ou préparent les oraux des concours. Pour ne rien manquer, le mieux est de s’abonner à notre compte twitter.com/diploweb.


Les élections législatives britanniques renforcent David Cameron

Les élections législatives ont donné une nette majorité aux tories qui peuvent désormais gouverner seuls avec 331 des 650 sièges du parlement. On peut se demander si celui si demeure bien britannique car les indépendantistes écossais ont remporté 56 sièges (des 59 possibles en Ecosse), expliquant en partie la déconfiture travailliste de cette terre qui lui est traditionnellement favorable. Le leader travailliste Ed Milliband a préféré démissionner. Les lib-dems sortent laminés et ils ne conservent que 8 sièges, l’Ukip, très anti-Bruxelles n’a qu’un seul siège.

Le jeu politique britannique fait peser une épée de Damoclès sur l’ensemble de l’Union européenne, ne serait-ce qu’en terme d’image.

Au-delà du fait que les instituts de sondage n’ont pas anticipé le sort des urnes, cette élection suscite de nombreuses interrogations. L’affirmation des indépendantistes pose la question d’un éventuel nouveau referendum pour cette région qui est plus europhile que la moyenne britannique. Cameron y est opposé, alors qu’il soutient la tenue en 2016-17 d’un referendum sur le maintien des Britanniques au sein de l’Union européenne (le Brexit). L’actuel débat sur l’accueil mieux partagé des migrants ne peut que radicaliser les positions outre-manche. Ces scrutins en suspend posent aussi plus largement la question de l’identité des Britanniques, de l’unité d’un royaume qui mène une politique de dévolution depuis le gouvernement de Tony Blair, concédant davantage de pouvoir aux régions écossaise, galloise voire irlandaise.

L’Union européenne face à sa politique migratoire

Devant la répétition de drames en mer Méditerranée, Bruxelles recherche l’assentiment de l’ONU (et donc de la Russie avec qui les relations sont tendues) pour une mener une politique musclée contre les passeurs qui relèvent de véritable mafias et jettent en Méditerranée des milliers de migrants sur de bien frêles esquifs. L’objectif étant d’empêcher ces embarcations d’arriver en pleine mer.

Des propositions qui veulent faire bouger les lignes... des Etats réticents et des opinions clivées.

Sous l’impulsion de Jean-Claude Juncker, la Commission européenne propose courant mai 2015 une refonte radicale de la politique migratoire de l’Union en répartissant l’accueil des migrants (actuellement à la charge quasi exclusive des pays méditerranéens, Italie en tête) selon des quotas en fonction du PIB, de la population et du nombre de migrants déjà accueilli pour chaque pays membre. Elle propose aussi - en plus d’une réforme de la politique migratoire, du droit d’asile ou d’un meilleur contrôle aux frontières - une « carte bleue » pour faciliter les migrations économiques internes à l’Union et espère doper une « immigration choisie », de travailleurs qualifiés vers une Union devenue un pôle de vieillissement à l’échelle de la planète.

Le caractère « explosif » de ces propositions est évident, notamment pour des sociétés confrontées à un chômage de masse (Europe de l’ouest et du Sud) y compris des jeunes, ou une Europe orientale qui ne comprend pourquoi elle devrait accueillir des migrants du Sud, elle dont le regard reste longitudinal, entre l’Est (qu’elle craint) et l’Ouest (dans lequel elle a mis ses espoirs).

La France regarde les Tropiques...

Le président français a entrepris un voyage qui l’a mené en Martinique et en Guadeloupe où il a promis une meilleure égalité des chances et reconnu la « force morale » des anciens esclaves.

Il a ensuite rendu visite aux frères Castro à Cuba dont l’ouverture croissante – depuis la poignée de main entre Raul Castro et Barack Obama – laisse espérer l’ouverture d’un nouveau marché pour les intérêts français.

La France continue à enregistrer des ventes à l’exportation de son Rafale, après l’Egypte et l’Inde, le Qatar a annoncé en mai 2015 l’acquisition prochaine de 24 avions.

L’Europe fête les 70 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale

Le 8 mai 2015 a donné lieu de nombreuses commémorations à travers l’Europe qui se rappelle ainsi la fin de ses « années noires » et la victoire sur le nazisme. Moscou commémore, elle, la fin de la Seconde Guerre mondiale le 9 mai. V. Poutine a organisé à cette occasion une fastueuse cérémonie, boudée par les dirigeants occidentaux en raison de la guerre en Ukraine, mais à laquelle ont assisté d’autres chefs d’Etats et de gouvernement, notamment venus d’Asie.

La Grèce toujours dans l’œil du cyclone...

L’actualité internationale de mai 2015 a été également marquée par la question grecque. Athènes vient de rembourser sa dette de 750 millions d’euros contractée auprès du FMI à qui elle doit encore rembourser plus de 30 millions € début juin 2015. Les créanciers de la Grèce restent dubitatifs sur l’ampleur des réformes engagées par le gouvernement d’Alexis Tsipras, et la volonté des autorités d’honorer leurs promesses. Lors de la réunion du G7 à Dresde (Allemagne) les créanciers européens ont reconnu qu’il reste à la Grèce un long chemin à parcourir...

L’Union européenne est sous la double menace d’un Grexit et d’un Brexit... Heureusement qu’il reste des candidats dans les Balkans occidentaux...

Madame Lagarde, directrice du FMI, évoque publiquement une possible sortie de la Grèce de la zone euro – un Grexit - qui n’entrainerait pas, selon elle, son implosion. Athènes ne semble pas devoir attendre de mansuétude de la part de cette institution de Bretton Woods à laquelle elle doit encore rembourser 1,6 milliards d’euros d’ici la fin du mois de juin 2015.

L’Union européenne est sous la double menace d’un Grexit et d’un Brexit, preuve que non seulement les temps sont durs mais aussi que celui de l’enchantement européen n’est plus d’actualité. Le détricotage de l’Europe communautaire n’est plus un tabou en mai 2015.

... la Macédoine aussi mais pour d’autres raisons

Des violences ont éclaté à Kumanovo, au nord-ouest de la capitale Skopje, provoquant la mort de 22 personnes. Les autorités annoncent avoir agi contre des terroristes d’origine albanaise. Le pays traverse une crise politique liée aux pratiques autoritaires du gouvernement comme à l’impasse de la situation économique et sociale du pays. Une manifestation a réuni plus de 20 000 personnes dans la capitale pour demander la démission du gouvernement.

Le Burundi est secoué par des émeutes

Bujumbura a été l’épicentre de fortes manifestations pour empêcher l’actuel président Pierre Nkrurunziza de briguer le troisième mandat auquel il peut prétendre après avoir fait changer la constitution. Une partie de l’armée burundaise a essayé en vain de prendre le pouvoir en l’absence du président. De retour, celui-ci a mené la chasse aux putschistes sans réussir en empêcher la poursuite des contestations.

La Malaisie accueille des migrants

La Malaisie a recueilli un millier de migrants provenant du Bangladesh et de Birmanie par la mer, ce qui n’est pas sans rappeler les « boat people » fuyant le Vietnam réunifié sous la direction de Hanoï dans les années 1970-80. D’autres sont arrivés dans la province d’Aceh en Indonésie. Il s’agit de la minorité birmane musulmane des Rohingya particulièrement malmenée par les autorités du pays. Le scandale des milliers de migrants à la dérive et refusés par les Etats voisins est à l’ordre du jour de l’Asean. Le Bangladesh annonce à son tour qu’il va déplacer des milliers de réfugiés Rohingyas qui vivent dans des camps à la frontière avec la Birmanie.

Un terrible séisme frappe le Népal

Le tremblement de terre a causé la mort de plus de 8 000 personnes, 16 000 blessés car son épicentre est situé près de la capitale Katmandou, il en a détruit une bonne partie des monuments. Ce séisme d’une force de 7,8 – lié à une zone de subduction entre les plaques tectoniques indienne et eurasienne - affecte un pays pauvre et enclavé, qui devrait mettre du temps à s’en relever malgré l’aide internationale.

En ce mois de mai 2015, l’émoi international qu’il suscite reflète aussi la place du Népal dans le tourisme mondial... La France déplore ainsi 10 morts, plusieurs milliers de ses ressortissants s’y trouvaient lors de la catastrophe.

Sort des urnes

Au Kazakhstan Nousoultan Nazarbaïev a été réélu pour son cinquième mandat avec près de 98% des voix et un taux de participation aux élections quasiment équivalent. L’OSCE dénonce pourtant l’absence de choix réel au niveau politique dans cette république d’Asie centrale qui n’est pas une démocratie.

Au Togo, le président sortant Faure Gnassingbé est réélu avec un score de plus de 58% face à son opposant Jean-Pierre Fabre.

Les Etats-Unis connaissent de nouvelles émeutes à caractère racial... et sont victimes d’un attentat islamiste

Après les émeutes de l’été à Fergusson suite à la mort d’un jeune noir, les Etats-Unis renouent avec des violences urbaines qui rappellent celles lors du combat des droits civiques lors des années 1960. Un jeune noir est mort suite à son arrestation à Baltimore, les manifestations violentes ont provoqué en retour l’envoi de la garde nationale et l’instauration d’un couvre-feu.

Une fusillade a éclaté à Garland au Texas, elle a été revendiquée par Daesh. Si elle n’a coûté la vie qu’aux assaillants, elle est un avertissement très sérieux pour Washington.

Une péninsule arabique fragilisée ?

Alors que le Yémen se déchire dans une guerre civile entre sunnites et chiites qui reflète les tensions régionales entre Arabie saoudite et Iran et que la guerre menée par Daesh déstabilise le Moyen-Orient, Riyad n’apprécie pas les négociations entre Washington et Téhéran. Le roi Salman boycotte le sommet organisé par Barack Obama à Camp David dont le but était de resserrer les relations avec les membres du du Conseil de coopération du Golfe (CCG). L’alliance avec Washington s’est relâchée depuis le manque de soutien de Washington à Moubarak et son refus d’une intervention militaire contre Bachar el-Assad. D’un autre côté, le financement par ces mêmes monarchies des mouvements islamistes radicaux est un point de discorde. Ces monarchies continuent pourtant à acheter des armes, y compris à la France.

Le Pakistan et l’Afghanistan visés par un attentat

A Karachi 43 personnes de confession chiite ont été assassinées pour leur appartenance religieuse. C’est une nouvelle preuve de l’instabilité et des tensions communautaires qui déchirent ce pays. En Afghanistan, les Taliban ont tué 14 personnes à Kaboul, des étrangers majoritairement.

La guerre se poursuit au Proche-Orient

Les forces spéciales des Etats-Unis ont mené une attaque qui a tué une trentaine de personnes dont Abbou Sayyaf (en charge des revenus pétroliers pour l’EI). En revanche, Daesh s’est emparé de Palmyre, ville antique de la reine Zénobie, et continue à assassiner les civils. Le régime syrien est pour l’instant affaibli face à l’offensive des jihadistes – notamment Al-Nostra - soutenus par les pétromonarchies du Golfe et l’avancée de l’EI. Ce dernier a dû abandonner Tikrit en Irak mais a pris Ramadi, capitale de la province d’al-Anbar provoquant l’exode d’une partie de la population.

La stratégie de frappes aériennes peut-elle apporter une victoire militaire décisive ?

Tout cela révèle la capacité militaire de l’EI, organisation qui trouve des soutiens auprès d’une partie de la population sunnite irakienne qui ne s’y retrouve pas dans l’Irak d’après S. Hussein qui fait la part belle aux chiites. Elle démonte aussi la faiblesse des Occidentaux dont la stratégie de frappes aériennes ne peut apporter de victoire militaire décisive, alors qu’ils n’ont pas davantage de solution politique.

Une avancée dans les négociations du partenariat transatlantique

Ces négociations ont cours entre l’Union européenne et les Etats-Unis pour une libéralisation des échanges. Courant mai 2015, un premier vote vient de définir le mandat de négociation des représentants européens. Les Verts s’indignent du soutien apporté par les socialistes aux tribunaux d’arbitrage privés qui doivent s’occuper des litiges entre une grande entreprise et un Etat.

Le Nigéria sur les rails de la démocratie ?

Le nouveau président élu au Nigéria, Muhammadu Buhari, vient d’être investi à la magistrature suprême de son pays. Le passage de pouvoir avec Jonathan Goodluck s’est plutôt bien passé, et le nouveau président a déjà montré de la fermeté face à Boko Haram en délivrant plusieurs centaines de jeunes femmes enlevées par cette secte.

De bonnes nouvelles pour ce géant démographique africain qui est aussi devenu la première économie de son continent.

Copyright Mai 2015-Degans/Diploweb.com


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