Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Membre du laboratoire HABITER (EA 2076) de l’Université Reims Champagne-Ardenne. Elle est notamment co-auteure chez Ellipses de Les 50 cartes à connaître, Coll. Atout concours, Paris, 2016 ; Histoire, Géographie, Géopolitique. Concours d’entrée aux grandes écoles, Coll. Atout concours, Paris, 2015.
Voici une synthèse de l’actualité internationale de novembre 2016 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, voire préparent un concours. Pour ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information hebdomadaire ou à compte twitter de veille géopolitique @diploweb
En Europe, les élections présidentielles de novembre 2016 ont porté au pouvoir des candidats pro-russes en Moldavie – Igor Dodon – et en Bulgarie – Roumen Radev – le premier reconnaissant la Crimée comme russe, le second souhaitant œuvrer pour la levée des sanctions del’Union européenne contre Moscou. Ces élections sont à rapprocher de l’affaiblissement de Bruxelles dans le contexte post-Brexit alors que dans le même temps Washington semble envoyer des signaux d’un moindre investissement au sein de l’OTAN. Ces élections sont aussi une sanction contre des gouvernements sortants pro-européens qui n’ont pas su lutter contre la corruption.
En Allemagne, Angela Merkel pourrait briguer un nouveau mandat de chancelière au nom de son parti conservateur CDU-CSU. Si elle était élue, elle passerait autant de temps à la tête de la chancellerie que son mentor Helmut Kohl.
Mahmoud Abbas est reconduit à la tête du Fatah en Cisjordanie bien qu’il soit fortement contesté.
Au Nicaragua, Daniel Ortega est réélu en novembre 2016 à la magistrature suprême pour un quatrième mandat, il aurait remporté plus de 72% des suffrages. Pour ce quatrième mandat, il a annoncé que son épouse serait sa vice-présidente.
A Haïti, Jovenel Moïse a été élu à la présidence au premier tour, avec un score d’environ 55% et un taux de participation qui est évalué à environ 21% du corps électoral ce qui est révélateur du discrédit de la classe politique haïtienne. Jovenel Moïse vient du monde des affaires – il dirige une firme qui exporte des bananes biologiques – mais il est soupçonné d’affairisme.
En Colombie, l’accord avec les FARC – guérilla communiste qui a ensanglanté le pays depuis les années 1960 – pour les réintégrer à la vie politique et économique du pays, avait été repoussé par un referendum populaire il y a un peu plus d’un mois. Un nouvel accord vient d’être signé en novembre 2016, après plusieurs péripéties, une médiation cubaine, une renégociation entre le président de Colombie Juan Manuel Santos et le leader des FARC Rodrigo Londono. Il s’agit pour le pays de tourner cette page particulièrement douloureuse et de passer à une phase d’émergence.
A Cuba, Fidel Castro est décédé à 90 ans le 25 novembre 2016, avec lui disparait l’un des derniers acteurs de la guerre froide. Au pouvoir depuis janvier 1959, après avoir chassé le dictateur Batista, il mène une révolution d’abord nationaliste. Cuba veut rependre son destin en main. Le caractère marxiste de son régime s’accuse à partir de 1961 – débarquement avorté de la baie des cochons – et la crise des fusées de 1962. L’embargo décrété par Washington enferme La Havane dans une relation étroite avec Moscou, et consolide paradoxalement le pouvoir de Fidel Castro. Un pouvoir aux mains du Lider Maximo, qui pratique un « socialisme tropical » qui a su doter la « perle des Caraïbes » d’un très bon système de santé et d’un système scolaire reconnu, mais qui reste une dictature sans partage, où les arrestations arbitraires sont légions. La chute du mur de Berlin et l’effondrement du bloc socialiste plongent l’île dans une vraie précarité économique. Les problèmes de santé de Fidel Castro le pousse à passer les rênes du pouvoir à son frère Raul en 2006. Celui-ci mène une timide ouverture autorisant de petites activités économiques- coiffeurs sur le trottoir, casa particular... - à côté de l’immense secteur étatisé. La situation économique est catastrophique, la politique d’ouverture inaugurée par le président Obama et Raul Castro (qui quittera le pouvoir en 2018) s’est accompagnée d’une montée des inégalités ; cette politique peut être remise en cause par le futur président des Etats-Unis. Raul Castro a proclamé 9 jours de deuil national pour celui qui a été une des icônes du mouvement des non-alignés et du tiers-mondisme. Ses obsèques à Santiago de Cuba seront un grand moment de communion nationale... avant plus d’ouverture ?
Donald Trump sera le 45ème président des Etats-Unis. Il a été élu – comme G. W. Bush en 2000 – avec plus de grands électeurs (279) mais moins de votes exprimés en sa faveur que son challenger démocrate, aujourd’hui Hillary Clinton. S’il apparait bien prématuré de caractériser sa future présidence – il prendra ses fonctions à la fin du mois de janvier 2017 – il se présente néanmoins comme davantage intéressé par les intérêts domestiques de son pays que par la gestion des affaires internationales. Il s’est présenté comme attaché à une forme de réindustrialisation de son pays, hostile aux vastes accords de libre-échange transpacifique et transatlantique. Cet homme d’affaire a montré un visage moins libéral que son opposante démocrate, y compris pour la politique migratoire. Certains analystes s’inquiètent déjà – probablement de façon prématurée – de la fin d’une mondialisation considérée comme « heureuse », d’un retour d’une Amérique frileuse (« America first »), de la remise en cause d’une société multiculturelle, ouverte sur le monde. On ne peut, cependant, que s’étonner de la force de la surprise de cette victoire, tant il apparaissait sûr qu’H. Clinton serait élue. Les journalistes des principaux journaux américains ont livré des analyses très univoques -– largement reprises par les journalistes européens - et visiblement peu en prise avec la réalité. Ils ont sous-estimé la colère des « perdants » de la mondialisation, ceux qui ne se sont pas remis de la crise née des subprimes (2007), ces WASP qui estiment que leur identité est désormais menacée puisqu’ils seront bientôt minoritaires dans la société américaine, ceux qui veulent un retour des frontières (économiques mais aussi face aux flux migratoires clandestins), davantage de souveraineté face à une mondialisation et une ouverture déstabilisante qui érode le niveau de vie des classes moyennes. Trump a aussi su gagner à lui un vote populaire, un vote des classes moyennes mais aussi celui des gens plus aisés intéressés par ses promesses fiscales, entre autres. Hillary Clinton n’a pas su fédérer autour de sa candidature le vote démocrate. Elle représente probablement trop l’establishment politique (ancienne première Dame des Etats-Unis, secrétaire d’Etat sous Obama, sénatrice), mais aussi les « affaires ». L’élection de D. Trump constitue un saut dans l’inconnu, au regard de son inexpérience politique, y compris pour l’Union européenne.
Cette élection fait écho au récent vote britannique pour le « Brexit », comme dans l’organisation des primaires de la droite en France avec l’élimination au premier tour de l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy.
Les batailles de Raqqa en Syrie et Mossoul en Irak sont lancées en novembre 2016 par des forces militaires kurdes et arabes, soutenues par les Occidentaux. Les positions de Daech se replient, mais les combats sont durs et promettent d’être longs. La Turquie ne souhaite pas que les Kurdes syriens du PYD puissent coaliser avec les forces kurdes irakiennes et se renforcer ainsi non loin de la frontière turque.
L’Etat islamique est accusé d’avoir eu recours à des gaz chimiques dans la région d’Haliliye. En Syrie, les troupes de Bachar El-Assad ont repris près d’un tiers de la partie orientale d’Alep, jusque là tenue par les rebelles.
L’Iran, alliée régionale de la Syrie de Bachar El-Assad et de la Russie de Vladimir Poutine cherche à construire des bases militaires en dehors de son territoire, notamment en Syrie. C’est la preuve de la montée en puissance de la puissance chiite.
Alors que la croissance économique se fait moins forte qu’il y a quelques années, Pékin fait de nouveau face à une contestation de nature démocratique à Hong Kong en soutien à deux députés exclus du parlement. Quelques parapluies jaunes ont été aperçus dans la manifestation.
Pékin vient de faire passer une loi concernant la cybersécurité pour resserrer son contrôle sur Internet et obliger les entreprises –quelque soit leur nationalité – à coopérer avec les autorités. Les réseaux sociaux sont surveillés de près.
La République populaire de Chine, officiellement communiste, a fait savoir qu’elle est particulièrement attachée au libre-échange, au moment où le prochain président des Etats-Unis – Donald Trump – a émis de sérieux doutes sur ses bienfaits. L’éventuel retrait des Etats-Unis des accords de libre-échange transpacifiques – dont a été exclue la Chine – laisserait libre cours à Pékin dans ce domaine. Il est curieux – voire cocasse – que la première puissance économique capitaliste et libérale soit tentée par le protectionnisme alors que la principale puissance communiste se fait le parangon du libre-échange.
La Birmanie d’Aung Suu-Kyi ne traite pas mieux la minorité musulmane des Rohingya, que la junte militaire. L’ONU dénonce même une véritable « nettoyage ethnique » à propos du déplacement de plus de 30 000 personnes depuis le début de l’automne 2016.
En Corée du Sud, la présidente Park Geun-hye fille du dictateur Park Chng-hee, mise en cause le mois précédent après la découverte de l’influence de la « Raspoutine » coréenne sur des décisions majeures, est contestée par des manifestations géantes qui ont réunies jusqu’ un million de personnes dans les rues de Séoul. Les Sud-Coréens réclament purement et simplement la démission de la présidente accusée de trafic d’influence, elle est soupçonnée d’avoir mis en place un système racket des grandes firmes sud-coréennes. La présidente a annoncé qu’elle est prête à renoncer au pouvoir quand le parlement en aura défini les modalités. Ce n’est pas sans rappeler l’écartement du pouvoir de Dilma Rousseff, au Brésil, après un scandale politico-financier et de très importantes manifestations.
La Turquie de R. Erdogan mène un jeu trouble avec ses voisins syriens et irakiens, car sa politique vise plus à contenir les avancées kurdes qu’à vouloir éradiquer Daech. Le président Erdogan continue à mener une politique dont le caractère autoritaire s’accentue avec l’arrestation de nouveaux journalistes, d’opposants kurdes alors que le pays est supposé en pleine négociation avec Bruxelles pour une possible adhésion à l’Union européenne.
Le gouvernement turc, sous la pression populaire, est revenu sur un projet de loi qui prévoyait l’abandon de poursuites en cas de viol sur mineure si l’agresseur épouse sa victime. L’opinion publique a considéré que ce projet de loi était un signal d’impunité concernant le viol sur mineure.
Les députés européens ont voté une nouvelle résolution pour geler les négociations concernant l’adhésion d’Ankara à l’Union européenne. Les chefs d’Etat Européens, l’Allemagne en tête, ne veulent pas adopter une attitude trop tranchée vis-à-vis de la Turquie qui joue un rôle essentiel dans la gestion des flux migratoires depuis le Proche-Orient. Erdogan, quant à lui, a fait savoir qu’il avait d’autres opportunités que celle d’entrer dans l’Union européenne : un rapprochement avec Pékin et Moscou ?
Un nouveau sarcophage vient d’être installé sur le réacteur de Tchernobyl au dessus du sarcophage construit du sarcophage construit par les liquidateurs. Il a été réalisé par les firmes françaises Vinci et Bouygues et devrait contenir les radiations pour 100 ans. Il a coûté 1.5 milliards d’euros, il a été notamment financé par la banque européenne de reconstruction et de développement (BERD), les membres de l’Union européenne et le G7 ont financé massivement cette infrastructure.
Total vient de signer en novembre 2016 un contrat avec Téhéran pour exploiter le gaz du champ de South Pars, en collaboration avec la firme chinoise CNPC. Il s’agit d’un contrat de plusieurs milliards d’euros qui devait être finalisé dans six mois. Il signe le retour de la firme française sur la marché iranien qu’elle avait été contrainte de quitter du fait des sanctions internationales pesant sur le pays.
Vinci a été l’objet d’une cyberattaque diffusant une rumeur sur une prétendue perte financière pour 2015, ce qui a provoqué un effondrement du cours des actions – une perte de 18% - une enquête est en cours.
Le Français Thomas Pesquet est le dixième à partir pour l’espace. Il participe à une mission internationale – Soyouz MS-03 - au départ de Baïkonour. Il va gagner la station spatiale internationale ISS pour une période de 6 mois.
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Point d’actualité internationale de décembre 2016
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