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Guerre psychologique,
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Les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ouvrent une période marquée par la guerre psychologique. Voici pourquoi le site diploweb.com vous présente ce texte de référence, avec l'aimable autorisation des Presses Universitaires de France et de l'auteur. Il s'agit d'un extrait de L'information, la désinformation et la réalité, par Guy Durandin, Paris, PUF, (coll. Le psychologue), 1993, p. 152 à 155. |
Biographie
de l'auteur en bas de page. Mots clés - key words : guy durandin, "l'information, la désinformation et la réalité", éditions presses universitaires de france, attentats du 11 septembre 2001 aux états-unis, psychologie, guerre psychologique, facteur psychologique, rapports entre la paix et la guerre, influence, moyens de communication, masses, propagande, bouc émissaire, ennemi, population, gouvernement, neutralité, neutralisme, pacifisme, censure, mensonge, manipulation, défensive. |
On peut définir le
concept de guerre psychologique, de manière sommaire, en
disant qu'il s'agit de modifier le rapport des forces à
son avantage, non par les armes seules, mais en exerçant
une influence sur les esprits. Mais cela est très vaste et inclut pratiquement toutes les opérations que nous avons passées en revue jusqu'ici sous les noms de désinformation, propagande noire, mesures actives, intoxication et subversion. Le manuel de Psychological Warfare de Daugherty et Janovitz (Baltimore, USA, The John Hopkins Press, 1958) consacre une grande partie du chapitre II au problème de la délimitation du domaine. Les principales questions en discussion entre les différents auteurs et responsables des services spécialisés sont les suivantes :
Mais les deux points qui nous paraissent les plus importants dans ce concept de guerre psychologique sont d'une part le facteur psychologique lui-même, et d'autre part le problème des rapports entre la paix et la guerre. Nous allons les considérer successivement. 1. Le facteur psychologiqueMaurice Mégret (1) dit avec raison que les tentatives pour agir sur l'esprit d'un adversaire ne sont pas en elles-mêmes une nouveauté, à preuve la pratique, ancestrale, des sortilèges. Mais il ajoute que le développement des sciences psychologiques à l'époque contemporaine : réflexologie de Pavlov, psychologie des "profondeurs", révélées par Freud et par Young, et psychologie des "foules", élaborées par Tarde et Le Bon, a suscité la mise en uvre de techniques d'influence qui se voulaient scientifiques. A cela s'est ajouté le progrès des moyens de communication, qui permettaient d'exercer cette influence à distance, et sur les masses. Qu'on se rappelle à cet égard le rôle joué par la radio dans la propagande hitlérienne, tant à l'étranger qu'à l'intérieur de l'Allemagne. Mais lorsqu'on veut exercer de l'influence sur un ennemi, on a intérêt à ce qu'il ne s'en doute pas, afin d'éviter qu'il s'en défende. L'utilisation de la psychologie se trouve ainsi étroitement liée à la manipulation, et à la désinformation. Celle-ci ne consiste pas seulement, en l'occurrence, à délivrer de fausses nouvelles, mais à agir sur le psychisme au moyen de ressorts dont les intéressés n'ont pas conscience, par exemple en désignant à leur agressivité latente un "bouc émissaire" (2). La guerre psychologique a donc un caractère occulte, et déloyal. C'est pourquoi les pays démocratiques ont hésité à y recourir, ainsi que le montre Jeanne-Henriette Louis en ce qui concerne les Etats-Unis (3). 2. Les rapports entre la guerre et la paixLe concept de guerre psychologique implique l'abandon de la distinction classique entre la guerre et la paix (4). Cela ressort clairement du manuel du major allemand Hermann Franke, publié en 1936 sous le titre : Geistiger Krieg (La guerre de l'esprit) (5). L'auteur donne une grande importance à la propagande du temps de paix, dont les principaux buts sont les suivants :
Quant aux moyens à employer, il préconise à la fois la censure pour lutter contre la contre-propagande de l'ennemi, et pour éviter de le renseigner - et l'usage du mensonge pour le tromper. On voit qu'il y a une étroite parenté entre cette théorie, et celle d'Hitler telle qu'il l'exposa à Rauschning lorsqu'il lui dit :"Obtiendrons-nous la défaite morale de l'adversaire avant la guerre ? Voilà ce qui m'intéresse" (6). Ainsi, les deux points sur lesquels nous avons porté l'attention, à savoir le facteur psychologique et l'abandon de la distinction entre temps de guerre et temps de paix sont étroitement liés, car la guerre psychologique déborde le temps de guerre, et commence à manipuler les esprits dès le temps de paix. Or, ceux-ci, en temps de paix, se croient en sécurité, et, ne se doutant pas qu'ils sont déjà attaqués, subissent la manipulation sans s'en apercevoir. Ils ne sont pas sur la défensive. La désinformation est donc une des composantes essentielles de la guerre psychologique. Guy Durandin Avec l'aimable autorisation des Presses Universitaires de France et de l'auteur, extrait de L'information, la désinformation et la réalité, par Guy Durandin, Paris, PUF, (coll. Le psychologue), 1993, p. 152 à 155. Notes : NB : la numérotation des notes de cette page internet diffère de l'édition originale aux éd. PUF puisque la numérotation reprend au n° 1 à chaque nouvelle page du livre.
Copyright PUF-1993. Mise en ligne octobre 2001/www.diploweb.com |
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Biographie de Guy Durandin, Professeur honoraire de Psychologie sociale à l'Université René Descartes-Paris V |
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Professeur honoraire de
Psychologie sociale à l'Université René
Descartes-Paris V et ancien chargé de cours à
l'Institut français de presse (Université Paris II). Principales publications
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