Recteur, Professeur à l’Université de Paris-Sorbonne. Président de la revue Population & Avenir www.population-demographie.org Gerard-Francois.Dumont paris-sorbonne.fr
Géopolitique de Gaza. Par son évolution démographique naturelle, Gaza est une exception non seulement dans sa région, mais aussi dans le monde. Il convient de prendre la mesure de son peuplement, puis de sa dynamique démographique, avant de proposer les effets des perspectives de cette dernière en élaborant des scénarios de prospective géopolitique.
Dans le cadre de ses synergies géopolitiques, le Diploweb.com est heureux de vous présenter cet article du Recteur Gérard-François Dumont, initialement publié sous le titre "De la population de Gaza à une prospective géopolitique" dans la revue Outre-Terre, n° 22, 2009, p. 123-131. (4 graphiques)
COMPTE tenu d’une population estimée à 1,5 million d’habitants en 2008 sur une superficie de 380 km2, soit environ 3,8 fois celle de la ville de Paris, la densité de Gaza s’élève à près de 3 950 habitants/km2. Un tel niveau de densité s’apparente à celui d’une commune française urbaine comme Marseille ou Toulouse, donc nettement moins élevé que Paris, qui compte plus de 20 000 habitants/km2. La densité de Gaza est nettement plus élevée que celle de la Cisjordanie qui, avec 2,4 millions d’habitants en 2008 sur 5 640 km2 (y compris Jérusalem-Est - 67 km2), est de 426 habitants/km2. L’addition des deux territoires palestiniens indique une population de plus de 3,9 millions d’habitants sur 6 020 km2, soit une densité moyenne de 648 habitants/km2. Quant à celle d’Israël, avec 7,1 millions d’habitants sur 20 620 km2, soit une superficie équivalente à quatre départements français, elle atteint 344 habitants/km2. Néanmoins, la comparaison de ces importants écarts de densité mérite d’examiner de façon plus détaillée le peuplement. La grande majorité de celui d’Israël [1] se concentre dans la moitié nord du pays, notamment dans l’étroite bande côtière entre la Cisjordanie et la mer Méditerranée, où se trouve la principale agglomération économique d’Israël, Tel-Aviv-Jaffa, tandis que le sud du pays, comprenant le Néguev, est très peu peuplé. Par ailleurs, une partie de l’important peuplement de Gaza, comme de la Cisjordanie, tient à la présence des réfugiés et surtout aux descendants de réfugiés.
Rappelons que la bande de Gaza (380 km2), non contiguë à la Cisjordanie, a été placé en 1948 à titre provisoire sous administration égyptienne, puis est resté occupé par Israël de la guerre de 1967 à la mise en œuvre des accords d’Oslo (1992) décidant de le confier à l’Autorité palestinienne. Ensuite, après l’évacuation des colonies israéliennes en 2005, le Hamas a écarté manu militari, en juin 2007, les représentants de l’Autorité palestinienne et devient maître du territoire.
Depuis 2000, le Population Reference Bureau ne distingue plus, dans ses données, la Cisjordanie et Gaza, mais indique les Territoires palestiniens, bien que les échanges humains entre les deux territoires restent limités en raison de la situation géopolitique, mais aussi du système réticulaire des relations à l’intérieur des populations palestiniennes diversifiées en plusieurs ensembles de familles au sens très élargi de ce terme. En revanche, le Census bureau continue de fournir des indicateurs démographiques distinguant Gaza et la Cisjordanie, ce qui permet d’apporter les précisions suivantes.
La croissance démographique de Gaza est remarquable en elle-même et par comparaison avec son environnement local. Gaza compte un niveau de fécondité très élevé dans le monde – 5,2 enfants par femme en 2008 – et même anachronique par rapport au schéma de la transition démographique [2], compte tenu d’une espérance de vie à la naissance de 73 ans, d’une mortalité infantile relativement faible, soit 18 décès de nouveaux-nés avant l’âge de 1 an pour mille naissances. Ce niveau de mortalité infantile, permis par l’aide internationale, place Gaza bien en dessous de la plupart des pays du Moyen-Orient. Son taux net de reproduction est le plus élevé au monde. Toujours en 2008, le taux de natalité y atteint 38 pour mille habitants et le taux annuel d’accroissement naturel, différence entre la natalité et la mortalité, 3,4 %. En conséquence, la population de Gaza s’est multipliée par plus de six, augmentant de 245 000 habitants en 1950 à 1 500 000 en 2008. Avec un taux de natalité fort élevée malgré un taux de mortalité très abaissé, Gaza est donc une exception démographique.
Cette dynamique démographique de Gaza contraste de plus en plus avec la Cisjordanie. Ainsi, dans les années 2000, alors que le taux d’accroissement naturel demeure à un niveau très élevé à Gaza, toujours nettement supérieure à 3% par an [3], il diminue en Cisjordanie après les évolutions suivantes. Dans les années 1950, le taux d’accroissement démographique de la Cisjordanie demeure faible en raison de taux de mortalité encore élevés. Après la guerre de 1967, la Cisjordanie perd des habitants, car nombre d’entre eux fuient l’occupation israélienne notamment vers la Jordanie et le Liban. Après 1970, le taux de croissance ne cesse de s’élever en raison d’une mortalité abaissée par des conditions sanitaires améliorées et d’une natalité portée par une haute fécondité et par une composition de la population particulièrement jeune. Puis, dans les années 1990, la Cisjordanie entre dans la seconde étape de la transition démographique, caractérisée par une baisse du taux d’accroissement naturel, certes lent, mais incontestable, conséquence de la diminution de la fécondité. Ainsi, en 2008, l’indice synthétique de fécondité s’est abaissé à 3,3 enfants par femme, dans un territoire dont l’espérance de vie à la naissance est de 74 ans, le taux de mortalité infantile de 16 décès pour mille naissances, et le taux de mortalité de 3,7 pour mille. Toujours en 2008, le taux de natalité s’élève à 26 pour mille, et le taux d’accroissement naturel à 2,2 %, donc inférieur de plus d’un point à celui de Gaza.
La dynamique démographique de Gaza l’emporte de plus en plus dans la région. Par exemple, en 2008, Gaza compte 56 600 naissances, la Cisjordanie 62 500 et Israël 142 000. Donc, Israël compte plus de naissances que les Territoires palestiniens, mais avec une population supérieure de 80%. Néanmoins, comme le nombre de naissances des Israéliens arabes peut être estimé autour de 25 000, l’ensemble des arabes vivant dans la Palestine mandataire comptent davantage de naissances que les Israéliens non arabes, ce que le Bureau central de statistiques d’Israël dénomme la “ population juive étendue ”, regroupant les Juifs, les Chrétiens non arabes et les individus sans religion déclarée, pour la distinguer de la population arabe vivant en Israël.
En partant de la connaissance de la population de Gaza et en considérant les perspectives démographiques possibles, établissons des scénarios géopolitiques. Certes, l’avenir géopolitique ne dépend pas exclusivement du paramètre démographique. Néanmoins, ce dernier n’est nullement neutre [4] et toute réflexion prospective sur l’avenir de ce territoire qui l’ignorerait serait sans valeur. Cela justifie d’élaborer différents scénarios pour essayer de comprendre comment les évolutions démographiques à Gaza sont susceptibles d’influencer les acteurs géopolitiques. Il s’agit, bien entendu, de scénarios simplifiés dans la mesure où ils examinent essentiellement les éventuelles conséquences géopolitiques des dynamiques naturelles de la population de Gaza, sachant que les relations entre géodémographie et géopolitique sont en interaction. Sous ces réserves, trois scénarios peuvent être proposés ; le scénario « coréen », le scénario du statu quo et le scénario du développement humain durable dans un contexte géopolitique apaisé.
Ce scénario projette pour Gaza le maintien d’une fécondité anormalement élevée par rapport aux logiques de la transition démographique, donc par comparaison avec ses taux de mortalité infantile et maternelle qui sont faibles et même plus faibles que dans nombre de pays arabes. Dans ce cas, et sauf forte émigration vers les pays du Golfe, la Libye, l’Europe ou l’Amérique du Nord, la croissance démographique de Gaza demeurerait très élevée. Non seulement sa population doublerait environ tous les vingt ans, mais ce rythme aurait tendance à s’accélérer. En effet, les générations féminines arrivant en âge de procréer seraient de plus en plus nombreuses sous l’effet de l’héritage de la forte fécondité passée. La combinaison de cette augmentation avec une fécondité élevée entraînerait un nombre toujours plus accru de naissances. À moyen terme, Gaza parviendrait à un nombre de naissances supérieur à celui de la Cisjordanie. La densité de Gaza augmenterait considérablement, passant de 3 947 habitants/km2 en 2008 à plus de 8000 habitants/km2 avant la fin des années 2030.
En se plaçant dans une hypothèse de tension géopolitique perdurant, cette masse démographique pourrait être utilisée à des fins géopolitiques selon deux options possibles. Une première consisterait en la militarisation des nombreuses jeunes générations de grands adolescents et d’adultes pour les inciter à combattre contre le pays voisin considéré comme leur ennemi. Une seconde option consisterait à utiliser la masse démographique de façon pacifique sous des drapeaux verts du Hamas, donc à organiser une « marche verte » de dizaines de milliers, voir de centaines de milliers de personnes non armées vers des territoires qu’ils considèrent comme leur propriété. Nous appelons ce scénario « coréen » car c’est ainsi que la Chine a contraint la coalition, comprenant seize pays, dirigée par les États-Unis à un cessez-le-feu désavantageux le 27 juillet 1953. En effet, les États-Unis ont cédé à la Corée du Nord de nombreux territoires qu’ils contrôlaient au-dessus de l’actuelle ligne de séparation du 38° parallèle entre les deux Corée car, déjà, nous avions affaire à une guerre asymétrique. D’un côté, une coalition bien armée et ayant la légitimité internationale, puisque envoyée par le Conseil de sécurité de l’ONU, la délégation soviétique le boycottant et n’utilisant donc pas son droit de veto. De l’autre, des masses de Chinois mal armés envoyés par Mao, appliquant l’une des dix lois de la géopolitique des populations que nous avons définies, la « loi du nombre », en envoyant des « vagues humaines » de soi-disant « volontaires ». L’armée de la coalition ne pouvait durablement accepter un combat qui se traduisait par de véritables boucheries. La « loi du nombre » imposée par les Chinois a contraint au cessez-le-feu et environ deux millions de Coréens ont fui les territoires cédés par la coalition à la Corée du Nord.
Ceteris paribus, Gaza disposerait, selon ce premier scénario, d’une masse de manoeuvre accrue de « vagues humaines » susceptibles d’être utilisé en fonction des options choisies. Alors s’illustrerait la phrase prêtée à Arafat : « Nous gagnerons grâce aux utérus de nos femmes » ! Même si cette phrase est apocryphe, ce qui très difficile à établir, puisque les discours d’Arafat changeaient selon la langue qu’il utilisait et les journalistes qu’il avait face à lui, le fait même qu’elle soit périodiquement citée suffit à lui donner un sens géopolitique. Après le scénario « coréen », il convient de considérer celui du statu quo dans l’antagonisme.
Selon ce deuxième scénario, une avancée progressive, mais lente de Gaza dans la transition démographique se traduit par une progressive décélération démographique, donc par une baisse, mais à un rythme lent, du taux de croissance démographique [5]. Certes, le taux d’accroissement naturel à Gaza diminuerait de 3,4% en 2008 à 1,6% en 2030, car la fécondité baisserait de 5,2 enfants par femme en 2008 à 2,28 en 2030, des chiffres qui demeureraient toutefois plus élevés que la moyenne mondiale. Et les effets de vitesse acquise produiraient une croissance démographique encore fort élevée en nombre d’habitants supplémentaires, la population de Gaza passant de 1,5 million en 2008 à 2,56 millions en 2030. Gaza se densifierait donc assez rapidement, de 3 950 habitants/km2 en 2008 à 6 600 en 2030.
Le maintien, retenu comme hypothèse, de la situation conflictuelle, donc du quasi-statu quo, ferait perdurer un sentiment mêlant l’humiliation et l’exaspération. La population, beaucoup plus nombreuse, ne pourrait toujours pas trouver de sentiment de fierté dans ses propres réussites car elle demeurerait en situation d’assistanat. Comme dans le premier scénario, l’Onu, ses agences, l’Union européenne [6], et des organisations non gouvernementales, sans oublier les remises des diasporas palestiniennes, continueraient d’assurer l’essentiel des moyens de vie et une aide générale, allant de la protection maternelle et infantile à l’assistance aux personnes âgées, en passant par la nourriture, le logement ou la santé.
Toujours selon l’hypothèse de ce scénario, la plupart des États de la région utiliseraient, comme aujourd’hui, cette situation conflictuelle à des fins de géopolitique tant interne qu’externe. Les habitants de Gaza ne disposeraient guère de marges de manœuvre ni vis-à-vis d’Israël qui s’accrocherait au statu quo, ni vis-à-vis de ses parrains extérieurs, arabes ou moyen-orientaux, pour qui Gaza ne serait qu’une carte géopolitique utilisée indépendamment de toute perspective de règlement du conflit. Des heurts périodiques pourraient se dérouler à Gaza entre différents clans ou avec Israël, mais le sentiment dominant serait une grande lassitude dans un territoire tiraillé à l’intérieur entre un paradigme politico-religieux [7] dominant la vie publique, paradigme périodiquement réactivée par des actions violentes temporaires ou symboliques, et les difficultés d’une vie quotidienne privée de perspective et, à l’extérieur, par des jeux de puissance pour lesquels Gaza ne serait qu’un instrument.
A côté des scénarios « coréen » et du statu quo, une autre voie possible – et souhaitable – est celle d’un développement humain durable dans un contexte géopolitique apaisé.
Selon ce troisième et dernier scénario, Gaza enregistrerait une réelle avancée dans la seconde étape transition démographique, donc marquée par une baisse significative du taux d’accroissement naturel. La fécondité s’abaisserait régulièrement et logiquement en raison de ses faibles taux de mortalité infantile et maternelle. En conséquence, une pyramide des âges plus équilibrée témoignerait du souci d’attacher davantage d’importance à la dimension qualitative des ressources humaines qu’à leur dimension quantitative. Dans ce dessein, la baisse du taux de natalité signifierait que le taux d’accroissement annuel des jeunes à scolariser ne se conformerait plus à une évolution fortement haussière. Gaza profiterait de ce que l’on appelle parfois une « fenêtre démographique », période où le ratio entre la population active et la population totale augmente. Les jeunes générations ne représenteraient plus chaque année des besoins considérablement majorés qui contraignent les choix de dépenses de l’aide internationale. Cette dernière pourrait donc réorienter une partie de son aide en besoins primaires ou en besoins concernant les jeunes enfants vers des investissements dans l’économie de la connaissance.
La combinaison de cette « fenêtre démographique », d’une population mieux formée et des apports réticulaires des diasporas palestiniennes contribuerait progressivement à un développement humain durable, d’autant que Gaza pourrait sauter plusieurs phases de développement en recourant directement aux technologies les plus avancées. La réussite économique favoriserait à son tour une évolution démographique équilibrée et susciterait des fiertés qui feraient que l’option du développement deviendrait plus attirante et valorisante que le grand jeu des rapports de force géopolitiques trop souvent à la recherche d’une revanche. En même temps, comme le développement pérenne de Gaza, qui pourrait être un Singapour méditerranéen, n’est pas possible sans l’établissement de la sécurité et donc de la paix, il supposerait de chercher et de trouver les voies d’un accord régional gagnant-gagnant.
Le simple énoncé de ces trois scénarios contrastés, qui prêtent bien évidemment à discussion, peut heurter la difficulté à objectiver une situation souvent ressentie selon un mode subjectif dominant. Elle peut contrarier ceux qui ne veulent voir le Proche-Orient qu’à travers des prismes idéologiques. Mais l’intérêt d’imaginer ces scénarios, en refusant de s’enfermer dans des œillères, ou dans des logiques partisanes de telle ou telle tendance moyen-orientale, tient à ce que l’analyse prospective livre deux enseignements principaux. D’une part, l’avenir géopolitique de Gaza est en interaction avec ses évolutions démographiques propres et non pas seulement avec celles des autres territoires de la région. D’autre part, comme le montre l’éventail de futuribles de scénarios, cet avenir n’est pas écrit. Il demeure donc totalement ouvert, dépendant donc de ce que fera l’ensemble des acteurs géopolitiques en agissant ou en réagissant, notamment en fonction de l’évolution du contexte démographique. En outre, la prospective permet d’éclairer l’action présente dont la mission devrait être d’empêcher la réalisation des scénarios non souhaitables pour favoriser le scénario préférable.
Notons enfin que, plus généralement, l’ensemble du Proche-Orient offre un exemple particulièrement éclairant de l’importance des interactions entre dynamiques démographiques et évolutions politiques [8].
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Mise en ligne initiale sur le Diploweb le 15 juin 2011
Plus
Le site de la revue Population et Avenir , présidée par G-F Dumont Voir
[1] Dont il faut aussi rappeler la diversité de la population. Cf. par exemple Dumont, Gérard-François, « Israël, ses retraités et ses « Russes », Population & Avenir, n° 678, mai-juin 2006, www.population-demographie.org.
[2] Dumont, Gérard-François, Les populations du monde, Paris, Éditions Armand Colin, deuxième édition, 2004.
[3] La moyenne mondiale est de 1,2%, celle de l’Asie occidentale de 1,9%. Cf. « La population des continents et des États », Population & Avenir, n° 690, novembre-décembre 2008.
[4] Dumont, Gérard-François, Démographie politique. Les lois de la géopolitique des populations, Paris, Ellipses, 2007.
[5] Ce scénario se conforme aux projections publiées sur le site du Census bureau à la date du 15 décembre 2008. Notons que ces projections retiennent l’hypothèse d’une solde migratoire nul pour Gaza.
[6] Rappelons que l’Union européenne consacre une part significative de son budget aux Territoires palestiniens. Cf. Dumont, Gérard-François, Verluise, Pierre, Géopolitique de l’Europe, Paris, Sedes, 2009.
[7] Dumont, Gérard-François, « Changement de paradigme au Moyen-Orient », Géostratégiques, n° 15, 2007, http://www.strategicsinternational.com/15_03.pdf
[8] Wackermann, Gabriel (direction), La Méditerranée, Paris, Ellipses, 2001
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