En avant première mondiale, Sylvia Delannoy présente l’ouvrage qu’elle a dirigé : « Géopolitique des pays émergents. Ils changent le monde », Paris, P.U.F. Parution le 21 mars 2012, et en avant-première le 8 mars au Festival de géopolitique et de géoéconomie de Grenoble, 4ème édition.
Cet ouvrage s’est fixé pour objectif de savoir si, oui ou non, nous vivons le grand basculement ou si ce n’est qu’un mirage que l’histoire jugera comme une crise de myopie collective. C’est donc bien du processus qui a mis et continue à mettre ces pays en lumière que traite Géopolitique des pays émergents. Loin d’être un manuel d’économie, c’est un ouvrage qui emprunte à l’histoire, à la géographie, à l’économie, à la géopolitique et aux relations internationales des outils propres à nous faire comprendre qui sont les pays émergents, quels sont leurs objectifs, quelle est leur vision du monde, et quelles sont les limites qui freinent encore leur montée en puissance.
BRIC, BRICS, BIC, BASIC, CIVETS… la mode est à l’acronyme classificateur. L’acronyme de ce genre, popularisé dans les années 2000, regroupe des pays présentant des similitudes liées au contexte – les PIGS (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne) que l’on accable d’un sobriquet dont ils se passeraient bien – ou bien à leurs capacités économiques prometteuses – les CIVETS (Colombie, Indonésie, Viêtnam, Egypte, Turquie, Afrique du Sud) qui sont les puissances émergentes de demain selon Robert Ward -, voire leur aptitude à renverser l’ordre mondial instauré par les Occidentaux depuis le XIXème siècle dans le cas des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine).
Ce besoin de classification est sans doute le fruit d’un certain désarroi face à un monde dont on sent qu’il s’éloigne chaque jour de celui que l’on a connu hier, celui auquel les Américains et les Européens trouvaient grâce… Et pour cause. C’était un monde où les Occidentaux jouissaient d’une admirable suprématie sur les autres continents, où les perspectives d’évolution délétères semblaient lointaines et finalement irréelles tant les rênes du pouvoir mondial étaient concentrées en leurs mains…
Alors, la classification rassure : elle permet d’identifier les sources du danger, mais elle permet aussi d’éloigner l’autre en l’intégrant dans une catégorie différente de celle des pays avancés ou pays développés. Les puissances « émergentes » n’ont en effet pas encore émergé, leur chemin vers la gloire reste semé d’embûches et, qui sait, peut-être trébucheront-elles comme le Japon avant d’atteindre la première place. La classification aide aussi – et c’est sa vocation première – les milieux financiers à juger des meilleurs investissements : repérer les talents de demain, c’est assurer sa fortune. Les pays que les banques et autres agences de notation adoubent peuvent par l’incantation même, attirer des investisseurs et ainsi émerger pendant que les PIGS se débattent en vain dans la boue. Le phénomène d’émergence s’autoalimente ainsi, si l’on s’en tient à l’économie du moins.
Mais ce qui nous intéresse ici, c’est la géopolitique des pays émergents : leurs armes, leurs stratégies, leur environnement régional, leurs doutes, leurs réelles capacités à opérer ce basculement du monde dont on nous parle tant… L’économie tient ainsi une place réelle puisqu’elle est bien souvent la source de la puissance, mais le propos s’attachera ici davantage à analyser la capacité des pays émergents à s’imposer à tout niveau, à devenir une puissance complète et non simplement à connaître un take-off. L’intérêt est aussi de considérer cette nouveauté : le dynamisme et l’avenir radieux semblent être irrémédiablement passés du côté du Sud. Le déclin de l’Occident, déjà prédit par Oswald Spengler en 1918, est aujourd’hui présenté comme une réalité immédiate et l’émergence des puissances du Sud apparaît comme la première responsable de ce basculement.
Arrêtons-nous un peu sur ce concept d’émergence. Les pays émergents sont ceux qui, littéralement, sortent la tête de l’eau. Alors que dans les années 1990, ces pays semblaient émerger dans la souffrance, dans les crises à répétition qui, comme un plafond de verre, les empêchaient de s’extirper des eaux troubles, on les présente aujourd’hui comme ceux qui résistent à toutes les tempêtes… L’émergence est devenue le concept facile pour évoquer ces pays aujourd’hui solidement assis sur leurs bases économiques, alors même qu’on pourrait les considérer comme déjà émergés si l’on conservait la définition littérale du concept. Mais s’ils sont émergents, c’est qu’ils connaissent encore leur ascension, ils ne sont pas encore posés sur leurs réussites passées comme le sont aujourd’hui les Occidentaux ou les Japonais : leur gloire reste encore avenir, c’est là toute la promesse de l’émergence. Si l’on file la métaphore maritime, les pays émergents ne sortent plus seulement la tête de l’eau, ils semblent s’élever tels d’imposants icebergs prêts à couler le Titanic occidental certes majestueux, certes encore robuste, mais terriblement fragilisé par l’ouragan de la crise.
Cet ouvrage s’est donc fixé pour objectif de savoir si, oui ou non, nous vivons le grand basculement ou si ce n’est qu’un mirage que l’histoire jugera comme une crise de myopie collective. C’est donc bien du processus qui a mis et continue à mettre ces pays en lumière que traite Géopolitique des pays émergents . Loin d’être un manuel d’économie, c’est un ouvrage qui emprunte à l’histoire, à la géographie, à l’économie, à la géopolitique et aux relations internationales des outils propres à nous faire comprendre qui sont les pays émergents, quels sont leurs objectifs, quelle est leur vision du monde, et quelles sont les limites qui freinent encore leur montée en puissance. Des cartes permettent de rendre plus évidente leur émergence, mais aussi de voir que leur chemin reste long si leur projet reste d’égaler les vieilles puissances…
Copyright Mars 2012-Delannoy/Diploweb.com
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Sylvia Delannoy (dir.), Géopolitique des pays émergents. Ils changent le monde , Paris, P.U.F. Parution le 21 mars 2012, et en avant-première le 8 mars au Festival de géopolitique et de géoéconomie de Grenoble, 4ème édition.
4e de couverture
Nouveaux trésoriers du monde, les pays émergents prêtent de l’argent aux vieilles puissances dont le déclin paraît irrémédiable, rachètent des terres en Afrique, s’unissent au gré de leurs intérêts, renforcent leurs armées, investissent dans la recherche, font croître des firmes mondiales… Aspirant à détenir tous les attributs de la puissance, ils semblent en mesure de renverser un monde dans lequel les rênes du pouvoir échapperaient aux Occidentaux.
Ce livre, qui ne dresse pas le portrait d’une sélection de pays émergents mais étudie les dynamiques de groupe, fait le point sur la notion d’émergence et s’interroge sur les armes qu’utilisent les nouvelles puissances pour bâtir un monde nouveau, dégagé de l’hégémonie occidentale, mais aussi sur les fragilités de leur stratégie renversante.
Les puissances émergentes nous préparent-elles un monde meilleur ? Pire ? En tout cas, elles changent le monde.
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