10/16 Actualité internationale
Synthèse de l’actualité internationale d’octobre 2016

Par Axelle DEGANS, le 1er novembre 2016  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Membre du laboratoire HABITER (EA 2076) de l’Université Reims Champagne-Ardenne. Elle est notamment co-auteure chez Ellipses de Les 50 cartes à connaître, Coll. Atout concours, Paris, 2016 ; Histoire, Géographie, Géopolitique. Concours d’entrée aux grandes écoles, Coll. Atout concours, Paris, 2015.

Voici une synthèse de l’actualité internationale d’octobre 2016 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, voire préparent un concours. Pour ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple est de s’abonner gratuitement à notre compte twitter de veille géopolitique @diploweb

Une instabilité croissante en Asie...

La Thaïlande est en deuil et pleure son roi Bhumibol – Rama IX – au pouvoir depuis 1946, objet d’un vrai culte de la personnalité auprès d’une population qui massivement le respecte. Bien que dépourvu de pouvoirs réels, le souverain incarne l’unité du pays. Une période d’instabilité s’ouvre car son fils, Maha Vajiralongkorn est loin de jouir de la même popularité.

Aux Philippines, le président Rodrigo Duarte multiplie les rodomontades, insultant le président Obama, le pape François – alors que les Philippines sont un pays catholique - et le parlement européen. Il mène, par ailleurs, une politique très dure vis-à-vis des milieux de la drogue. Il a non seulement pris ses distances avec Washington avec qui son pays est lié par un accord militaire depuis 1951 mais a aussi opéré un étonnant rapprochement avec Pékin alors qu’ils se disputent les ilots Spratleys en mer de Chine méridionale et que le tribunal international de La Haye a donné raison à Manille. L’étoile de Washington pâlit dans la région, pour le plus grand profit de Pékin.

Retour des tensions entre Union indienne et Pakistan dans la région du Cachemire qui a été divisée entre les deux Etats au moment de l’indépendance de 1947. Des affrontements armés ont eu lieu, cette fois-ci le partage de l’eau de l’Indus est au cœur des différents car New Delhi veut mieux exploiter ce potentiel qui lui est autorisé par les accords de 1960. Le Pakistan est très dépendant de l’Indus pour son approvisionnement en eau, et d’un autre côté New Delhi s’inquiète de la politique d’équipement chinoise qui pèse sur son propre approvisionnement en eau dans le bassin du Brahmapoutre.

... comme en Afrique

Addis-Abbeba a proclamé l’état d’urgence face aux revendications des amhara et oromo qui estiment être mis de côté par le pouvoir éthiopien et dénoncent la spoliation de certaines de leurs terres. Les troubles ont fait déjà plusieurs centaines de morts.

En Afrique du Sud, les accusations de corruption se multiplient. Le ministre des Finances est accusé de fraude, le président Jacob Zuma est englué dans une affaire de corruption qui le décrédibilise politiquement

Evolution de la situation au Moyen-Orient

L’action de l’Arabie saoudite au Yémen est dénoncée par l’ancien président Ali Abdallah Salah après les bombardements qui ont causé la mort de 140 personnes et plus de 500 blessés à Sanaa, capitale du pays. La violence est grandissante – son niveau était déjà pourtant élevé – au Yémen. Cette guerre risque de se transformer en nouveau bourbier, en particulier pour Riyad.

Alep et Mossoul connaissent, de façon quasi simultanée, une offensive militaire. La première est sous les bombardements russes pour permettre la reconquête de sa partie orientale par le pouvoir syrien, la seconde sous les bombardements de la coalition pour en chasser Daech. Deux villes anciennes capitales dynastiques, qui pour des questions bien différentes, connaissent un destin tragique. L’Etat islamique est en passe de perdre Mossoul – deuxième plus grande ville d’Irak après Bagdad – au prix de combats très durs menés par les forces irakiennes - composées de sunnites et de chiites – et les peshmergas kurdes. La vraie question est celle de l’avenir de l’Irak dont l’intégrité territoriale est menacée. La région de Mossoul et de la plaine de Ninive qui ne peuvent qu’attiser les convoitises des différents protagonistes.

La Syrie est au cœur d’une crise diplomatique entre la France et la Russie. Paris dénonce l’usage déraisonnable de la force armée russe à Alep et fait savoir son hésitation à recevoir Vladimir Poutine qui décide de ne pas s’y rendre.

En Turquie, la politique répressive du président R. Erdogan continue. Les arrestations de fonctionnaires et de journalistes se multiplient.

Fait remarquable, l’Arabie saoudite est obligée d’emprunter sur les marchés financiers du fait d’une baisse spectaculaire de ses recettes. La faute à un baril de pétrole dont le prix oscille atour de 50 dollars. Il s’agit d’une réelle révolution pour cette pétromonarchie. Elle lève 17,5 milliards de dollars.

Une Amérique latine à la peine

L’ouragan Matthew a dévasté la partie intertropicale de la côte atlantique américaine. S’il a provoqué la mort de 11 personnes dans le sud-est des Etats-Unis, le bilan est autrement plus dramatique à Haïti où environ 900 personnes auraient été tuées. L’ile ne s’est toujours pas relevée du tremblement de terre de 2010, qui avait détruit une partie importante du pays et fait 200 000 morts, et ce malgré l’aide internationale aussi bien sous forme logistique qu’au niveau financier. Port-au-Prince fait de nouveau appel à l’aide internationale pour endiguer une possible épidémie de choléra, faire face aux besoins alimentaires et en eau courante de la population. Haïti (ancienne Hispaniola colonie espagnole et française depuis le XVIIIème siècle) est indépendante depuis le 1er janvier 1804 – c’est le deuxième pays indépendant du continent américain après les Etats-Unis – mais a été incapable de se doter d’un Etat alors que la trahison de « élites » - davantage préoccupées par leur enrichissement personnel quitte à piller les richesses du pays que du bien commun - est récurrente.

Le Venezuela de Nicolas Maduro reporte les élections régionales, prévues en fin d’année, à 2017. L’impopularité du président est inversement proportionnelle à la santé économique de son pays. Après avoir mis fin à la procédure de référendum révocatoire, le président fait face à une manifestation de plusieurs centaines de milliers de personnes et une menace de grève générale.

L’Union européenne essaie de séduire....

L’Union vient de créer une agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières (EBCG) sous la direction de Fabrice Leggeri. Elle remplacera Frontex avec des effectifs plus conséquents car ils devraient doubler d’ici 2020.
L’Eurogroupe a décidé de débloquer de nouveaux fonds – 1,1 milliards d’euros, soient plus de 10 milliards depuis le printemps 2016 - en faveur d’Athènes. La Grèce reste portant fortement endettée, les mesures d’austérité ne lui permettent pas de retrouver une croissance génératrice d’emplois et le taux de chômage représente presque le quart de la population active.

... mais se déchire

Au Royaume-Uni, le premier ministre Theresa May lancera le processus pour organiser le départ de son pays de l’Union européenne avant la fin du mois de mars 2017, c’est-à-dire pour les 60 ans du Traité de Rome. Il devrait, selon toute vraisemblance, durer deux années. Les modalités restent largement à définir. Theresa May cherche à rassurer les investisseurs étrangers inquiets du Brexit, annonce une prochaine baisse de l’impôt sur les sociétés, quand ses partenaires européens se positionnent pour récupérer les institutions européennes installées au Royaume-Uni. Ainsi, la France est prête à accueillir l’Agence européenne du médicament (EMA) comme l’Autorité bancaire européenne (EBA), mais elle n’est pas la seule. Les activités boursières de la City suscitent également la convoitise... La Haute cour de justice de Londres a rendu son jugement : la décision du Brexit ne peut pas être du ressort du seul gouvernement mais doit aussi recevoir l’assentiment du Parlement. Ce n’est pas une réelle remise en cause du Brexit, mais cela peut en retarder l’application....

Varsovie décide de ne pas honorer sa commande de 50 hélicoptères Caracal – fabriqués par Airbus – alors que le contrat avait été signé en septembre 2015 et malgré de très importantes contreparties. Cette décision passe particulièrement mal à Paris qui a renoncé en 2015, sur pressions polonaises et américaines, à livrer les bateaux Mistral à la Russie et s’est en outre engagée, dans le cadre de la « réassurance » de l’OTAN, à mettre à la disposition de la Pologne des chars et des avions Rafale...

La Wallonie a refusé de donner son accord pour la signature du CETA, accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada. Les agriculteurs craignent une moindre protection pour les petits AOC, des quotas d’importation concernant le bœuf canadien, les Wallons rechignent aussi à la possibilité qu’auront les grandes firmes de trainer les Etats en justice. Cela provoque un nouveau psychodrame européen car la signature de Bruxelles - et donc sa crédibilité – est remise en cause. La signature des accords commerciaux relève de la compétence de l’Union, mais les Européens peinent à lui faire confiance, ils craignent de n’être pas assez protégé de la concurrence internationale. Le CETA est finalement signé, mais le traité doit encore être ratifié par les différents parlements nationaux.


Referendum : les échecs

En Hongrie, le premier ministre Viktor Orban a organisé un referendum en octobre 2016 sur l’accueil, dans son pays, des réfugiés. La constitution hongroise prévoit qu’un referendum n’est valide que si la moitié du corps électoral se prononce, c’était le principal enjeu pour Orban. Si 95% des voix se sont portées sur le « non », seul 45% des Hongrois se sont déplacés pour voter ce qui ne renforce pas la position d’un premier ministre très critiqué par ses partenaires européens.

En Colombie, le referendum concernant l’accord de paix avec les guérilleros des Farcs pour mettre un point final à plus d’un demi-siècle de guerre civile a été repoussé par les Colombiens. La participation a été faible, à peine plus d’un tiers des électeurs (37%) a voté, et le « non » l’a emporté à 50,76%. Ce résultat peut s’expliquer par l’engagement d’Alvaro Uribe, président de la Colombie entre 2002 et 2010, dénonçant un possible épanouissement du chavisme dans une Colombie où les chefs des Farcs pourraient être élus. Une partie de la population a aussi estimé que cet accord de paix était trop favorable aux guérilleros qui ont longtemps ensanglanté le pays. Le président Santos a néanmoins reçu le prix Nobel de la paix pour encourager ses efforts en ce domaine.

Le sort des urnes

Au Maroc, les élections législatives ont mobilisé moins d’un électeur sur deux et ont donné 125 des 395 sièges au parti de la justice et du développement (PJD). Ce parti islamiste – qui appartient à la mouvance des Frères musulmans au pouvoir à Ankara – s’impose comme la première force politique d’un pays soumis, lui aussi, à de fortes tensions comme en témoigne le mouvement populaire après la mort d’un vendeur de poissons à Rabat. Le parti authenticité et modernité – proche du roi Mohammed VI - a regagné des sièges au parlement.

En Estonie, les élections ont porté à la magistrature suprême la première femme, Kersti Kaljulaid.

En Lituanie, les électeurs n’ont pas reconduit la coalition de centre-gauche, préférant l’Union des fermiers et des Verts (LVZS) de Ramunas Karbauskis. Le niveau de vie reste bas en Lituanie, et les jeunes voient dans l’exil leur avenir ...
L’Espagne se dote, enfin, d’un gouvernement sous la direction du conservateur Mariano Rajoy après 10 mois durant lesquels les politiques étaient incapables de s’entendre.

Le Liban s’est enfin doté d’un gouvernement, après 29 mois de paralysie. Saad Hariri est nouveau premier ministre alors que Michel Aoun est désigné président par le Parlement. Le Liban accueille aujourd’hui plus d’un million de réfugiés qui fuient la guerre civile en Syrie.

Une présidentielle américaine pas comme les autres

Les deux principaux candidats – Hillary Clinton pour le parti démocrate et Donald Trump pour le parti républicain – ont des côtes de popularité très basses. La campagne électorale se caractérise par sa médiocrité (les attaques personnelles se multiplient et prennent le pas sur le débat de fonds) et les scandales à rebondissement. Le très fortuné Donald Trump n’aurait pas payé d’impôts pendant 18 ans et des dizaines de femmes l’attaquent pour agression sexuelle quand l’honnêteté d’Hillary Clinton est sévèrement écornée par des emails indûment supprimés – le FBI mène une enquête sur une candidate à la magistrature suprême ! – comme pour avoir eu connaissance à l’avance de certaines questions posées par le public lors de ses débats télévisés face au candidat républicain. L’outrancier D. Trump inquiète par ses propos sur la population noire et latino, comme sur les femmes, mais son audience est réelle auprès des classes populaires et des classes moyennes, qui se vivent comme les perdants de la mondialisation, quand il dénonce le libre-échange et la société multiculturelle ouverte sur le monde. H. Clinton s’est montée méprisante envers l’électorat de D. Trump et les médias canadiens déplorent son « affairisme », terme très fort.

Cette élection révèle avant tout un système politique à bout de souffle - mais il n’est pas le seul – assez inquiétant pour la première puissance mondiale. Comment le parti républicain a-t-il pu laisser émerger la candidature de D. Trump ? Comment le parti démocrate peut laisser son candidat manœuvrer pour écarter la candidature de Bernie Sanders, et laisser une candidate deux fois première Dame des Etats-Unis incarner une « dynastie » démocrate ?

Le financement des campagnes électorales est aussi un problème à part entière.


L’Afghanistan est quasiment aux mains des Taliban (sans "s")

Comme chacun sait, Taliban est le pluriel de « taleb » (instruit, dans le sens coranique) et ne prend donc jamais de « s ». Siège d’un premier califat islamique au milieu des années 1990, d’Al Qaida qui y a organisé les attentats du 11 septembre 2001, l’Afghanistan devient le repère des jihadistes et suscite en retour une opération armée multinationale sous la bannière de l’OTAN dès 2001. Le constat est pourtant amer après le retrait des troupes américaines. Non seulement l’Afghanistan ne s’est pas réellement démocratisé, mais ce pays est devenu un narco-Etat où s’est considérablement développé la culture du pavot, plus rentable que les autres cultures, qui finance les différents groupes armés. Aujourd’hui l’Etat islamique et les taliban trouvent dans le trafic du talc, entre l’Afghanistan et le Pakistan, une substantielle source de revenu et près de 70% du territoire afghan serait aux mains des taliban. Les combats récents autour de Kunduz, une des principales villes du nord, témoignent de la difficulté du pouvoir de Kaboul à faire face aux taliban.

De bonnes nouvelles...

Le 5 octobre 2016, Ariane 5 a mis sur orbite deux nouveaux satellites. Il s’agit de la 74ème réussite en la matière, un record.

La COP 21 est ratifiée par un nombre suffisant d’Etats - 55 pays représentant au moins 55% des gaz à effet de serre (GES) - pour que l’accord signé à Paris en décembre 2015 – pour limiter le réchauffement climatique – entre en vigueur. Reste à savoir ce qui se passerait en cas d’élection de D. Trump à la présidence des Etats-Unis.

Changement à la tête de l’ONU. Ban Ki-moon est remplacé par le portugais Antonio Guteres au poste de secrétaire général.

Copyright Novembre 2016-Degans/Diploweb


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| Dernière mise à jour le mardi 3 décembre 2024 |