04/17 Actualité internationale
Synthèse de l’actualité internationale d’avril 2017

Par Axelle DEGANS, le 1er mai 2017  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Membre du laboratoire HABITER (EA 2076) de l’Université Reims Champagne-Ardenne. Elle est notamment co-auteure chez Ellipses de Les 50 cartes à connaître, Coll. Atout concours, Paris, 2016 ; Histoire, Géographie, Géopolitique. Concours d’entrée aux grandes écoles, Coll. Atout concours, Paris, 2015.

Voici une synthèse de l’actualité internationale d’avril 2017 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, voire préparent un concours, notamment les oraux. Pour ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information hebdomadaire ou au compte twitter de veille géopolitique @diploweb


Le sort des urnes

En Serbie, Aleksander Vuvic, premier ministre sortant, a gagné les élections présidentielles d’avril 2017 dès le premier tour, devançant très nettement son plus proche challenger, Sasa Jankovic, centriste. A la tête du parti progressiste (SNS), Vuvic est passé du nationalisme affirmé au rapprochement avec l’Union européenne.

En Équateur, Lenin Moreno remporte les élections présidentielles, victoire que ne reconnait pas son challenger libéral, Guillero Lasso.

En Turquie, le président Erdogan remporte le 16 avril 2017« son » referendum constitutionnel avec un peu plus de 51% de suffrages exprimés. Les observateurs déplorent les conditions dans lesquelles le scrutin s’est déroulé. Ce résultat serré permet un renforcement très net des pouvoirs présidentiels, mais révèle un pays profondément divisé.

Au Royaume-Uni, Theresa May convoque des élections législatives anticipées – elle a obtenu l’accord de la Chambre des communes – pour y renforcer sa majorité et négocier plus aisément le Brexit. Les élections devraient se tenir en juin 2017.

04/17 Actualité internationale
Le sort des urnes
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En France, le premier tour des élections présidentielles, le 23 avril 2017, est historique à plusieurs titres. Il voit l’élimination des deux partis de gouvernement que sont le Parti socialiste (PS) et Les Républicains (LR), une première sous la Vème République. Ces derniers sont au plus mal. Ce scrutin aboutit à la qualification d’un mouvement qui a à peine une année d’existence – « En marche ! » – derrière un leader, Emmanuel Macron, dont la seule vraie expérience politique est d’avoir été ministre de l’Economie du président François Hollande (2012-2017), sans qu’il revendique son héritage. Autre fait marquant, la qualification de la candidate du Front national, Marine Le Pen, qui arrive en deuxième position, et qui elle aussi a une faible expérience politique. Son score, plus de 7 millions de voix, était attendu et se trouve donc finalement peu commenté par les analystes, preuve du chemin parcouru par la formation frontiste depuis le 21 avril 2002 lorsque pour la première fois ce parti accède au second tour d’une élection présidentielle en France. Le face-à-face du second tour de la présidentielle 2017 oppose donc un mouvement libéral pour l’ouverture et l’Union européenne à un mouvement souverainiste, eurosceptique pour un retour du contrôle des frontières. Ce duel témoigne des puissantes failles qui fracturent la France.


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Toujours une politique de la terreur...

Alors que Londres a été frappée fin mars 2017 par un attentat terroriste, Saint-Pétersbourg puis la capitale suédoise Stockholm l’ont été tragiquement à leur tour en avril 2017.

En Irak, l’EI a tué plusieurs dizaines de personnes dans une attaque à Tikrit, ancien fief de Saddam Hussein.

En Égypte, plusieurs attentats ont de nouveau frappé la communauté copte, causant la mort de plusieurs dizaines de personnes à Alexandrie et à Tanta.

En Syrie, une centaine de personnes en cours d’évacuation des villes du Nord-ouest du pays a péri dans un terrible attentat.

En Afghanistan, des attaques talibanes d’avril 2017 dans le nord du pays auraient fait plusieurs centaines de victimes, une tragédie de plus dans ce pays qui ne parvient pas à tourner la page de la guerre.

Le 21 avril 2017, la France a de nouveau été la cible d’un attentat terroriste, sur les Champs-Élysées. Un policier a été tué.

En Amérique latine...

Au Paraguay, des émeutes visent à éviter un changement constitutionnel qui autoriserait l’actuel président, Horacio Catès, à briguer un second mandat.

Le Venezuela de Nicolas Maduro est de plus en plus dans l’impasse. Alors que ce pays pétrolier manque désormais des produits de première nécessité et même de carburant, et que l’inflation est « galopante » (entre 500 et 700 % prévu par le Fonds monétaire international), l’exécutif veut s’arroger les pouvoirs législatifs d’un parlement qui lui est résolument opposé. La Cour suprême de justice a reculé, le 1er avril 2017, en ne s’attribuant pas les pouvoirs du parlement et en n’élargissant pas ceux du président L’armée se profile de nouveau comme acteur politique... De violentes manifestations ont lieu, y compris lors de la semaine sainte. Suite à la mort de plusieurs dizaines de personnes, un groupe de pays latino-américains demande au Venezuela de garantir l’expression de l’opposition. Pour essayer de calmer la population, le pouvoir décide, un écran de fumée, de confisquer une usine de General Motors à Valencia dans l’État de Carabodo, pratique dont avait déjà usé son prédécesseur Hugo Chavez. Le principal souci de Nicolas Maduro semble de rester au pouvoir.

En Colombie, une terrible coulée de boue a causé la mort de plus de 250 personnes. Si le phénomène climatique El Nino n’y est pas étranger (il provoque des pluies torrentielles), la déforestation dans la région de Mocoa n’a fait qu’aggraver les conséquences de cette catastrophe.

En Argentine, l’ancienne présidente Cristina Kirchner est poursuivie pour corruption, blanchiment d’argent. Dans le même temps de multiples manifestations dénoncent la politique d’austérité.

Au Brésil, le scandale de corruption n’en finit pas de rebondir. En avril 2017, une grève générale est organisée dans les transports en commun des grandes villes pour dénoncer la politique d’austérité du gouvernement de Michel Temer.

Une Afrique aux multiples visages

En République démocratique du Congo (RDC) les corps des experts de l’Organisation des Nations unies – Zaida Catalan et Mickael Sharp – ont été retrouvés une quinzaine de jours après leur disparition.

En Afrique du Sud, Jacob Zuma est personna non grata aux obsèques de l’ « oncle Kathy », une figure emblématique de la lutte anti-apartheid. Signe que les temps changent, la création d’un nouveau syndicat, la Saftu avec déjà plus de 700 000 adhérents, est une pierre dans le jardin de l’African National Congress (ANC) qui s’appuie sur le syndicat Cosatu. Plus du quart de la population active est au chômage, et la légitimité du président Zuma est de plus en plus contestée.

Au Mali, des attaques djihadistes ont provoqué en avril 2017 la mort de plusieurs personnes. L’actuel pouvoir malien envisage une discussion avec Ansar Eddine.

La condamnation de l’ancien président tchadien, Hissène Habré, à la prison à vie pour crime contre l’humanité à l’encontre d’opposants politiques, est confirmée. Un espoir dans le combat contre l’impunité.

Une Europe à l’heure des choix ?

Le flux de réfugiés en direction de l’Europe existe toujours même s’il est moins médiatisé aujourd’hui. Ainsi, les arrivées sur le sol italien ont progressé de deux tiers sur une année. Le gouvernement italien fait la promotion d’un accueil « équilibré, soutenu et diffus ». Néanmoins, les tensions sont vives en Italie. L’Allemagne doit elle aussi faire face aux défis de l’intégration des nouveaux arrivants.

Au lendemain du Brexit, et à l’heure de scrutins très tendus en France et en Allemagne (à l’automne 2017), l’Union européenne s’apprête peut-être à une révolution. La Commission européenne propose une Europe sociale – demandée de longue date en particulier par la France – avec peut-être l’idée d’un salaire minimum au sein de toute l’Europe communautaire pour parvenir à une convergence sociale. Nous savons que c’est souvent lors des crises que l’Europe communautaire progresse, or elle est aujourd’hui face à ses contradictions car la politique libérale d’abaissement des frontières et de dumping fiscal et social de plus en plus décriée fait le lit d’une contestation qui s’incarne dans des mouvements politiques qui représentent près de la moitié des électeurs du premier tour des élections présidentielles françaises d’avril 2017.

La Commission européenne a écrit à la Hongrie pour lui signifier son inquiétude concernant la loi sur les universités, prise par Viktor Orban, qui menace notamment l’université fondée par Georges Soros.


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Une situation toujours compliquée en Asie

Alors que l’ONU estime que le seuil des 5 millions de réfugiés syriens vient d’être franchi, une attaque chimique (probablement au gaz sarin) a visé la ville d’Itlib tenue par les rebelles islamistes. Le régime de Bachar el-Assad est accusé d’avoir mené cette attaque qui suscite l’émoi international. La situation se complexifie au Proche-Orient, Israël aurait mené des attaques sur le sol syrien, alors qu’Ankara continue à s’en prendre à des positions de kurdes en Syrie et à multiplier les arrestations d’opposants sur le sol turc au lendemain du referendum remporté parle président Erdogan. La Russie annonce retirer la moitié de son aviation.

La progression des forces irakiennes dans Mossoul est lente, mais résolue. Plusieurs quartiers ont été enlevés à Daech au prix de durs combats.

Dix-sept ans après Jean-Paul II, le pape François se rend en Égypte, peu après les attentats qui ont dramatiquement frappé la communauté copte, la plus importante communauté des chrétiens d’Orient. Il rencontre aussi le grand iman de l’université Al-Azhar, dans une volonté de rapprochement avec la communauté sunnite et de dénonciation commune du terrorisme.

Au Bangladesh, une manifestation organisée à Dacca par des imans dénonce une progression inquiétante de l’extrémisme islamique suite aux attentats qui ont ensanglanté le pays au mois de mars 2017.

La Chine de Xi Jinping annonce une croissance économique de 6,9 % pour le dernier trimestre 2016. La croissance chinoise est tirée par d’importants investissements publics, tel le projet Xiogan, à une centaine de kilomètres, de Pékin ville nouvelle sur le modèle de Pudong, l’immense centre d’affaires de Shanghai. Au même moment, la Chine présente son deuxième porte-avions, mais son premier made by China...

En Turquie, plus de 110 opposants, proches du PKK (parti des travailleurs kurdes) ont été condamnés à des peines d’emprisonnement allant d’une année à 21 ans.

Les Philippines du président Duterte viennent d’annexer en avril 2017 certains ilots de l’archipel des Spratleys en mer de Chine méridionale. Cette action va dans le sens d’un arrêt de la Cour de justice internationale de La Haye mais heurte le nouvel allié chinois de Manille. Il faut y voir de probables enjeux de politiques intérieures (force du sentiment antichinois dans l’archipel, ainsi que dans l’armée).

En Indonésie, le scrutin pour le renouvellement du gouverneur de Jakarta est révélateur des tensions qui tiraillent l’archipel. Ce poste était occupé par l’actuel président, Joko Widodo, qui a laissé la place à Basuki Tjahaja Purnama (« Ahok ») issu de la minorité chinoise et de religion chrétienne. Ce dernier est contesté, dans le plus important pays musulman du monde, moins pour sa gestion que pour des motifs religieux. Alors que cet état archipélagique est caractérisé par un islam tolérant, on ne peut qu’observer la montée en puissance de l’intolérance et de l’influence des islamistes. Une évolution inquiétante.

L’évolution de la politique étrangère de Washington

Les États-Unis souhaitent que leurs partenaires européens de l’OTAN prennent une part plus significative de leur défense alors que Washington assure pour l‘instant plus des deux-tiers des budgets de défense de l’OTAN.

Donald Trump a reçu en avril 2017 le président égyptien Al-Sissi, resserrant une alliance géopolitique stratégique déjà ancienne, mais assez dégradée sous l’administration Obama après la destitution du président frériste M. Morsi. La lutte contre le terrorisme rapproche de nouveau Le Caire et Washington.

Dans un entretien publié dans le Financial Times, le nouveau président américain a menacé, la Chine, si elle ne jouait pas son rôle auprès de son allié nord-coréen, de « régler le problème ». Le vice-président Mike Pence s’est rendu en Corée du Sud, sur une base américaine près de la zone démilitarisée frontalière avec la Corée du Nord. La symbolique est très forte. La Corée du Nord devient un instrument de la rivalité entre Pékin et Washington, alors que Pyongyang menace de couler le porte-avions américain.

Steve Bannon, le très controversé conseiller de Donald Trump, n’appartient désormais plus au Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis.

Alors que Moscou bloque en avril 2017, grâce à son droit de veto, toute résolution du Conseil de sécurité de l’ONU concernant l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, les États-Unis décident d’une frappe contre une base aérienne d’Assad. Washington envoie aussi un porte-avions accompagné d’une flotte, après que Pyongyang ait de nouveau procédé à un tir de missile balistique.

La mise en place d’une nouvelle politique économique et commerciale des États-Unis de M. Trump

Après avoir dénoncé l’accord de libre-échange transpacifique au nom d’une America First, le vice-président, Mike Pence, en tournée en Asie annonce la volonté de Washington d’obtenir des accords de libre-échange bilatéraux plus favorables aux produits américains dénonçant la relative fermeture des marchés sud-coréen ou japonais.

Donald Trump annonce en avril 2017 un nouveau décret qui doit favoriser l’achat de produits américains et donc l’emploi sur le sol des États-Unis. D. Trump s’en prend aux 85 000 visas H-IB délivrés chaque année aux travailleurs qualifiés, essentiellement des Indiens venus travailler dans la filière high-tech, et aux traités qui accordent des exemptions permettant de contourner le Buy America Act déjà existant. Si sur le fond la Maison blanche ne peut pas modifier en profondeur les textes déjà existant, la portée de ces mesures de préférence nationale est forte et emblématique.

La préférence nationale, nouvelle tendance ?

Elle est clairement affichée aux États-Unis et l’Australie met à son tour en avant la préférence nationale en abolissant le visa temporaire de travail pour favoriser l’emploi des Australiens. La politique américaine ferait–elle des émules ?

L’Arabie saoudite annonce qu’elle réserve des emplois à des nationaux, en particulier dans les centres commerciaux pour rendre l’économie moins dépendante du pétrole.

Bonnes nouvelles

Une nouvelle découverte enrichit le patrimoine archéologique égyptien. Une tombe de 3 500 ans a livré ses trésors datés de la XVIIIème dynastie : huit sarcophages en bois et un bon millier de figurines. Le Caire espère que cela contribuera à relancer un secteur touristique mis à mal depuis les révoltes arabes de 2011 et les attentats islamistes.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) annonce le test à grande échelle du premier vaccin contre le paludisme dont pourront bénéficier plus de 350 000 enfants africains d’ici 2020.

Copyright 30 Avril 2017-Degans/Diploweb.com


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