Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Membre du laboratoire HABITER (EA 2076) de l’Université Reims Champagne-Ardenne. Elle est notamment co-auteure chez Ellipses de Les 50 cartes à connaître, Coll. Atout concours, Paris, 2016 ; Histoire, Géographie, Géopolitique. Concours d’entrée aux grandes écoles, Coll. Atout concours, Paris, 2015.
Voici une synthèse de l’actualité internationale de mars 2017 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, voire préparent un concours. Pour ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information hebdomadaire ou au compte twitter de veille géopolitique @diploweb
Mars 2017, le mandat du brésilien Roberto Azevedo à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est reconduit pour quatre ans. Il était le seul candidat à sa succession à la présidence de cette institution aujourd’hui malmenée dans le cadre d’une remontée du protectionnisme.
Les 27 pays membres de l’Union européenne (encore officiellement à 28 mais avec un Royaume-Uni sur le départ) ont reconduit Donald Tusk à la tête du Conseil européen malgré l’opposition de son pays d’origine, la Pologne.
En Irlande, le parti nationaliste Sinn Feinn, qui prône la réunification de l’Irlande, obtient près de 28 % des suffrages exprimés lors des élections législatives de mars 2017, juste derrière le parti unioniste.
La Corée du Sud destitue sa présidente pour corruption. Des élections présidentielles devraient se tenir au mois de mai 2017.
En Inde, les élections régionales – notamment celle de l’Uttar Pradesh très peuplé - renforcent le pouvoir du parti nationaliste hindou – le BJP – du premier ministre Narendra Modi.
Les élections législatives des Pays-Bas reconduisent le premier ministre libéral sortant, Mark Rutte, il devance le parti populiste Partij voor de Vrijheid (PVV) de Geert Wilders qui a réussi une vraie percée, mais pas suffisante pour le conduire au pouvoir comme il pouvait l’espérer. Paris et Berlin se sont empressés de congratuler M. Rutte, ne cachant pas leur soulagement dans le cadre du Brexit et des élections à venir tant en France qu’en Allemagne.
En Allemagne, le parti conservateur d’Angela Merkel, la CDU-CSU, sort renforcé du scrutin organisé dans la Sarre avec une nette avance sur les socialistes du SPD.
En Bulgarie, le parti de Centre-droit de Boïko Borissov remporte les élections législatives de mars 2017, sans pouvoir pour autant gouverner seul.
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A Hong-Kong, cité-État revenue dans le giron de la République populaire de Chine à la fin des années 1990, la candidate de Pékin, Carie Lam, a été élue sans aucune surprise et deviendra la nouvelle chef de gouvernement. Cela ne fait qu’illustrer la mainmise croissante de la Chine populaire, contre laquelle s’est élevée la « révolution des parapluies » à l’automne 2014.
Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, dessine en mars 2017 dans son Livre blanc, un avenir possible pour l’Union post-Brexit qui pourrait passer par une Union européenne à plusieurs vitesses. Une UE qui maintient ses politiques communes, au sein de laquelle chaque membre serait libre d’approfondir la politique de son choix. Ce scénario a déjà été évoqué quelques semaines plus tôt par François Hollande ou Angela Merkel. Autre avenir possible, celui où l’Union laisserait davantage de champ aux États-nation. F. Hollande défend une Europe à plusieurs vitesses pour éviter « qu’elle n’explose ». Celle-ci aurait un noyau composé, a minima de l’Allemagne, de l‘Espagne, de l‘Italie et de la France. Les pays d’Europe centrale et orientale ne partagent absolument pas cette vision de l’Europe communautaire : certains y verraient un « apartheid ».
La santé de l’économie grecque continue à se détériorer. La contraction du PIB au dernier trimestre 2016 ne permet plus d’afficher une croissance positive pour l’année 2016, et les prévisions pour 2017 – 2.7% espérés – sont d’ores et déjà caduques. La thérapie ne serait-elle pas la bonne ?
La Suède rétablit son service militaire. Cette décision est motivée par de nouvelles inquiétudes liées à politique russe. La Pologne annonce, elle, son retrait de l’Eurocorp.
La procédure d’activation de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, le Brexit, est enfin activée le 29 mars 2017, un jour qui désormais fait date pour l’Europe communautaire.
En mars 2017, après l’interdiction de meeting en faveur du referendum d’Ankara en Allemagne, le président Erdogan qualifie de « nazies » les mesures prises par Berlin. Cette réaction outrancière révèle non seulement une dégradation des relations entre les deux pays, mais aussi le fait que la réussite du referendum qui doit consacrer les pouvoirs présidentiels au détriment du poste de premier ministre, semble moins assurée que prévue : Erdogan compte sur les votes de la nombreuses communautés turques vivant en Allemagne. Les Pays-Bas ont aussi pris des mesures contre un rassemblement pro-AKP et ont interdit l’atterrissage de l’avion transportant le chef de la diplomatie turque, alors que l’Autriche demande à l’Union européenne de réagir. La France, elle, accueilli à Metz pour un meeting électoral le ministre des Affaires étrangères turc, rompant le front européen. Tout cela se passe sur fond de chantage concernant le contrôle des flux migratoires.
La procédure d’activation de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, le Brexit, est enfin activée le 29 mars 2017, un jour qui désormais fait date pour l’Europe communautaire. C’est dans ce contexte que l’Écosse veut demander un referendum sur son indépendance, elle qui s’était majoritairement prononcée pour le « in ».
Les indépendantistes catalans veulent aussi organiser un referendum d’autodétermination de leur région. Le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, estime que cela serait contraire à la constitution espagnole. Il faut d’ailleurs remarquer que la population catalane est très partagée concernant une sortie de l’Espagne, d’autant qu’elle ne garantit pas un maintien dans l’Union européenne... ce qui est aussi valable pour l’Écosse. Le Brexit pose de nombreuses questions, les conditions de sortie du Royaume-Uni mais aussi celle de la participation britannique à la défense européenne, pour l’heure bien mal en point.
Durant ce mois de mars 2017, un nouvel attentat a été perpétré sur le sol européen. Une voiture bélier a fait plusieurs victimes et des dizaines de blessés dans le quartier londonien de Westminster.
L’Europe communautaire fête, sans allégresse, ses 60 ans. Le 25 mars 1957 a été signé le traité de Rome, il lance l’aventure communautaire pour éloigner le spectre de la guerre mais aussi par peur de l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS). Le 25 mars 2017, 27 des États membres se retrouvent à Rome, sans le Royaume-Uni puisqu’il est présumé sur le départ. Si nous sommes bien loin des seulement Six États fondateurs, l’Europe communautaire n’en est pas moins désenchantée comme en témoigne une Pologne qui ne décolère pas et rechigne à parapher la déclaration rénovée de l’Europe communautaire du fait du scénario d’une Europe à plusieurs vitesses alors que la Grèce veut que les droits des travailleurs y figurent.
Dans cette Europe du Brexit, la désaffection des opinions est palpable. L’Europe communautaire est enlisée au milieu du gué. Ainsi, alors que le premier ministre japonais, Shinzo Abe, propose de conclure un accord de libre-échange avec l’Union européenne, les viticulteurs du Languedoc réclament des mesures protectionnistes à l’encontre du vin espagnol, et la « clause Molière » veut rendre l’usage du français obligatoire en France sur les chantiers relevant d’une commande publique. L’écart semble grandissant entre les Européens et les instances communautaires. Certains, comme Jean-Pierre Chevènement, demandent à revoir le contrat de l’Europe.
En mars 2017, la guerre au Yémen se poursuit. Ainsi, 45 000 civils ont fuit le port de Mokha, déjà théâtre de combats sanglants. Les bombardements américains s’intensifient au Yémen.
Au Proche-Orient, l’armée syrienne a repris la ville antique de Palmyre qui était aux mains de Daech, alors qu’Al Qaida confirme la mort de l’égyptien Abou Al Khayr al Masri, le numéro deux de son organigramme. Il a été tué dans la province d’Idlib par un drône de la CIA. Les attentats qui ont causé la mort d’environ 74 personnes – essentiellement des chiites – à Damas ont été revendiqués par Al- Qaida. En Égypte, Hosni Moubarak, ancien président, a été acquitté par la Cour de cassation pour la mort de centaines de manifestants lors du « printemps arabe » (2011). Il a été remis en liberté. En Irak, alors que la reconquête de Mossoul est particulièrement âpre, les attentats continuent à ensanglanter le pays. Ce conflit entre dans sa septième année... et près de 400 000 civils sont coincés dans la vieille ville de Mossoul où les combats font rage.
Au Koweït, un pont long de 36 km se construit pour profiter de la dynamique impulsée par la « nouvelle route de la soie » voulue par Xi Jinping.
En Asie, après des manœuvres des armées américaines et sud-coréennes, la Corée du Nord a envoyé en mars 2017 quatre missiles à quelques centaines de kilomètres des côtes japonaises. Cette escalade des tensions nourrit l’inquiétude dans la région.
La Chine lance des campagnes de boycott de produits sud-coréens en raison du déploiement par Séoul du bouclier anti-missiles américain Thaad (Terminal High Altitude Area Defense). Elle prend, en outre, au sérieux les menaces proférées par Daech qui promet des « rivières de sang » dans la province Ouïghoure et musulmane du Xinjiang par laquelle passerait la partie terrestre de la « nouvelle route de la soie » portée par Pékin.
Les violences dans les provinces nord de la Birmanie provoquent l’exode de civils. Environ 20 000 d’entre eux se seraient réfugiés dans la Chine voisine.
La Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (BAII), créée en 2015 sous l’impulsion de la Chine, vient d’accueillir 13 nouveaux membres dont le Canada, la Belgique, l’Irlande, la Hongrie, le Pérou et le Venezuela. Les États-Unis et le Japon se tiennent résolument éloignés de ce qui peut être considéré comme un « anti-FMI » et finance en partie les « nouvelles routes de la soie ».
Le couple Obama a signé en mars 2017 un mirobolant contrat pour écrire, chacun, un livre sur leur passage à la Maison Blanche. La maison d’édition Penguin devrait leur verser 65 millions de dollars, un record : G. W. bush a touché 10 millions pour son Decision Points, et Bill Clinton, lui, 15 millions. Ce dernier et son épouse auraient, cependant, gagné quelque 153 millions de dollars pour 729 conférences tenues depuis leur départ de la Maison Blanche. Des retraites dorées...
Le décret Trump anti-réfugiés a été légèrement amendé en mars 2017, dans la forme pour être conforme au droit, mais sur le fond les changements sont minimes. Il concernera toujours les ressortissants de l’Iran, de la Libye, de la Somalie, du Soudan, de la Syrie, du Yémen, mais plus de l’Irak et ne concernera plus les possesseurs d’une carte verte ou d’un visa. Dès avril 2017, la possibilité offerte aux immigrés très qualifiés de bénéficier d’un visa HIB sous 15 jours sera suspendue au grand dam de la Silicon valley qui en a besoin. Pourquoi ? L’idée est de donner un coup d’arrêt à une immigration indienne qui vient concurrencer les salariés américains pour des salaires moindres.
D. Trump ne pourra pas tenir sa promesse électorale concernant l’Obamacare, les élus démocrates et une partie des Républicains se sont opposés en mars 2017 à son abrogation. C’est un nouveau camouflet pour la Maison Blanche. Le président Trump déclare qu’il compte sur un effondrement de l’Obamacare de lui-même
L’administration Trump annonce en mars 2017 un vaste plan de relance, que le président évalue 1 000 milliards de dollars. Il s’agit de donner du travail aux Américains tout en équipant le pays avec une politique de grands travaux d’inspiration keynésienne. Reste la question des financements.
Le nouveau président américain n’a pas fait mystère de sa volonté de revenir sur les accords de libre-échange auxquels participe son pays. Les ministres mexicain de l’Économie et canadien du commerce ont fait savoir à Donald Trump que la renégociation de l’ALENA (accord de libre-échange nord-américain) devrait être trilatérale, et non pas décidée à Washington. Le G20 s’est réuni à Baden-Baden, où l’administration américaine a fait savoir qu’elle voulait un commerce « équilibré et équitable ». Le communiqué final du G20 ne fait donc pas mention de lutte contre le protectionnisme et ne fait pas davantage mention, faute d’accord, d’un financement de la lutte contre le changement climatique. Le président américain annonce le réexamen des engagements pris par son prédécesseur sur le climat. Le processus pourrait, cependant, prendre quelque temps.
La famine menace de nouveau. Elle concerne en mars 2017 plus de trente millions de personnes au Yémen, au Sud-Soudan, en Somalie et au Nigéria.
Alors que l’Éthiopie commence à faire figure de pays émergent, un terrible éboulement dans une décharge dans la banlieue d’Addis Abeba a causé la mort de plus de 70 personnes.
Wikileaks révèle que la CIA emplois quelques 5 000 hackers et un bon millier de cyber-armes tels des malwares, des chevaux de Troie... La CIA a ainsi la capacité de pénétrer dans tout objet connecté utilisant Android ou IOS, dans n’importe quel terminal informatique connecté ou non, elle peut utiliser les télévisions Samsung et les transformer en micro et espionner... ce n’est même plus de la science fiction !
Des archéologues ont découvert en mars 2017 une statue sous les eaux, probablement de Ramsès II un des pharaons les plus emblématiques de l’Égypte. Cette statue mesure huit mètres.
La Banque mondiale accorde, au Maroc, un prêt de 150 millions de dollars pour soutenir les start up innovantes et donc la création d’emplois pour « renforcer l’inclusion sociale et économique » du royaume. Elle mobilise aussi sur un plan d’investissement de 57 milliards de dollars sur la période 2017-2020 pour le développement de l’Afrique sub-saharienne mais aussi pour la prévention des conflits qui y restent nombreux.
Un Fonds bleu vient d’être créé pour protéger et mieux mettre en valeur le bassin du Congo, autre « poumon de la Terre » avec l’Amazonie. Il concerne, autour du Congo, une dizaine de pays comme le Cameroun, la République démocratique du Congo, le Gabon, l’Angola ou la Zambie, mais encore le Rwanda ou le Burundi. Cette région a été ensanglantée par la « guerre mondiale africaine » définie par Colette Braeckman, un conflit qui a fait plusieurs millions de victimes après le génocide des Tutsis du Rwanda. La région a bien besoin d’un nouveau souffle.
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