01/2013 Actualité internationale

Par Axelle DEGANS, le 31 janvier 2013  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Agrégée d’histoire, co-auteure de Les grandes questions internationales, éd. Studyrama 2013 et auteure du livre Les pays émergents : de nouveaux acteurs, Ed. Ellipses, collection CQFD, 2011. Professeure d’histoire, de géographie et de géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales au Lycée Dessaignes (Blois).

Synthèse de l’actualité internationale de janvier 2013 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique ou préparent un concours. Bonne lecture.

L’Afrique à l’heure des crises avec ou sans la France

LA République centrafricaine renoue avec les affres de la guerre civile. L’actuel chef d’Etat François Bozizé, arrivé par la force en 2003, est aujourd‘hui contesté par une rébellion composée d’une alliance – Seleka- formée d’un agrégat très composite. La rébellion couve depuis 2007, les rebelles reprochant au chef d’Etat les promesses non tenues : être intégrée dans l’armée nationale et dans l’administration. Des négociations ont lieu à Libreville entre pouvoir et rebelles mais ceux-ci ne sont pas d’accord sur la suite à donner. Les voisins du pays ont envoyé des renforts à Bangui, y compris Pretoria qui ne souhaite pas d’intervention extérieure, y compris française.

La France intervient militairement au Mali, après que le groupe Ansar Dine se soit retiré des négociations, revenant sur la parole donnée à Alger. Il s’agit d’éviter que la rébellion islamiste n’arrive jusqu’à la capitale Bamako. Cette nouvelle opération –Serval- n’est pas sans rappeler les opérations Manta et Epervier au Tchad. Après avoir pris position à Konna, des bombardements ciblent les islamistes d’Aqmi et d’Ansar Dine. Cette intervention est soutenue par l’ONU et la CEDEAO. La prise d’otages sur le site gazier algérien d’In Amenas a donné une autre dimension au conflit. L’armée algérienne a dû intervenir et désormais une ombre plane sur les ressources énergétiques du désert saharien : gaz, pétrole … et uranium au Niger.

L’armée française, appuyée par des troupes maliennes, a repris Gao et Tombouctou (où les insurgés ont brûlé des écrits inestimables) repoussant les rebelles plus au Nord notamment dans la région de Kidal. La guerre n’est pas gagnée pour autant car cette dernière région est hors de contrôle des autorités, et il faut encore éviter un retour des insurgés. Le pouvoir civil à Bamako reste à consolider… La France doit éviter le piège de l’enlisement et celui d’un départ trop précipité qui remettrait en cause les acquis militaires. Il reste à Paris à naviguer entre Charybde et Scylla… en plein désert.

L’éthiopien Hailemariam Dasalegn devient le nouveau président de l’Unité africaine (UA)… à l’heure où l’Egypte connait à nouveau des manifestations de rues et des morts, l’armée vient d’obtenir le droit d’arrêter des civils…

Une Amérique latine

Hugo Chavez, soigné de son cancer à Cuba, n’est pas en mesure de prêter serment à la Constitution vénézuélienne. Au delà d’un état de santé préoccupant, l’opposition demande la tenue de nouvelles élections ce à quoi s’oppose Nicolas Maduro, nouveau dauphin du régime chaviste.

En Colombie, les FARC annoncent la fin de leur trêve et donc la reprise de la lutte armée… sans exclure des pourparlers avec l’exécutif. Selon les chiffres officiels, ce conflit aurait provoqué l’assassinat de 600 000 personnes et 15 000 disparitions. Le président Juan Manuel Santos a besoin de la paix pour favoriser l’émergence du pays longtemps freiné par ce conflit et le trafic de drogue qu’il a généré.

L’Argentine revendique l’archipel des Malouines, déjà au cœur d’une guerre dans les années 1980, mais Londres a signifié la grande fermeté de sa position : les Malouines sont britanniques.

Florence Cassez vient d’être libérée des geôles mexicaines.


Plus pour réussir

Extraits du catalogue des livres géopolitiques publiés par Diploweb pour la réussite aux concours.

. P. Verluise (dir.), "Histoire, Géographie et Géopolitique de l’Asie. Les dessous des cartes, enjeux et rapports de force".

. P. Verluise (dir.), "Histoire, Géographie et Géopolitique du Proche et du Moyen-Orient. Les dessous des cartes, enjeux et rapport de force"

. A. Degans, "Réussite aux concours 2018 ! La synthèse de l’actualité internationale 2017"

. P. Verluise (dir.), "Histoire, Géographie et Géopolitique de la mondialisation contemporaine. Les dessous des cartes, enjeux et rapports de force"

. S. Schmit, "Histoire, Géographie et Géopolitique de l’Amérique latine : Un sous-continent en pleine transition politique, énergétique et commerciale. Dossiers et fiches pays"

. L. Chamontin, "Ukraine et Russie : pour comprendre"

. L. Bloch, "L’Internet, vecteur de puissance des États-Unis ? : Géopolitique du cyberespace, nouvel espace stratégique"

. G-F Dumont, P. Verluise, "The Geopolitics of Europe : From the Atlantic to the Urals"


Un retour de la démographie ?

Une étude australienne, portant sur la Chine, publiée dans la très sérieuse revue Sciences montre que les enfants nés après la mise en place de la politique de l’enfant unique sont des adultes plus pessimistes et ont moins de propension à prendre des risques. Des enfants trop choyés et surprotégés, ces « petits empereurs » qui grandissent sans frères ou sœurs ni cousins ni cousines aujourd’hui. Cette étude va dans le sens de ceux qui souhaitent revenir sur la politique de l’enfant unique instaurée par Deng, car non seulement le vieillissement de la population chinoise est accéléré, mais il se double d’un déséquilibre du sex-ratio en défaveur des filles (100 naissances féminines pour 118 petits garçons en 2010). Des voix s’élèvent pour autoriser d’ici 2015 deux enfants par foyer comme c’est déjà le cas pour les couples composés de deux enfants uniques.

La France a gagné 1,4 millions d’habitants en 4 ans

50 ans d’amitié franco-allemande

Il s’agit d’un véritable « miracle » géopolitique. La France et l’Allemagne sont d’anciens « meilleurs ennemis » ils se sont affrontés à trois reprises en moins d’un siècle : guerre de 1870, Première Guerre mondiale et Seconde Guerre mondiale. L’effroyable bilan humain, les indemnités exigées par la France lors du Traité de Versailles, l’« étrange défaite » (M. Bloch) de 1940 puis la Libération et l’occupation de l’Allemagne par la France semblaient devoir séparer ces deux nations pour très longtemps sinon pour toujours. Et pourtant… Le rapprochement est acté dès 1951 avec la Communauté du charbon et de l’acier (CECA) et s’institutionnalise en 1957 avec le traité de Rome qui unit, entre autres, la France et la République fédérale d’Allemagne (RFA). Le 22 janvier 1963 le traité de coopération et d’amitié dit « traité de l’Elysée » scelle la réconciliation franco-allemande, incarnée par le général de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer. Ce binôme devient l’axe intégrateur de l’Europe communautaire, le tandem franco-allemand (V. Giscard d’Estaing-H. Schmidt puis F. Mitterrand- H. Kohl ou N. Sarkozy-A. Merkel) est l’indispensable moteur de la construction européenne.

Cette relation n’est pas sans nuage, longtemps marquée par le leadership français, celui commence à s’inverser avec le chancelier Gerhard Schröder qui, comme Angela Merkel, défend bien davantage les intérêts de son pays. Pourquoi cette évolution ? Les performances économiques des deux pays sont de plus en plus à l’avantage de l’Allemagne réunifiée depuis 1990, mais ce sont les différences de générations qu’il aussi prendre en compte. G. Schröder est né en 1943 et A. Merkel est le premier chancelier née après la Seconde Guerre mondiale. Ils sont à l’image d’une Allemagne désormais décomplexée vis-à-vis de la France mais aussi de l’Europe communautaire.

Cette collaboration rapprochée est à l’origine de nombreux succès, tels Airbus, la mise en place du système monétaire européen en 1978, la création d’un corps d’armée franco-allemand « eurocorps », Arte, la mise en chantier de l’Euro ou la gestion de la crise grecque. Elle n’a pas empêché certains échecs, les Allemands reprochent toujours à la France le rachat de l’allemand Aventis (fusion entre Rhône-Poulenc et l’allemand Hoescht) par le français Sanofi Synthélabo, l’impossibilité de créer une bourse européenne entre la Deutsche Börse et Euronext…

Les divergences entre Paris et Berlin se sont étalées au grand jour depuis la crise des subprimes qui entraine une crise bancaire et financière en Europe, la crise de la Grèce et celle des dettes souveraines.

La célébration du cinquantenaire du traité de l’Elysée ne fait que souligner l’indispensable collaboration entre ces deux Etats, sans laquelle il n’y aurait pas de construction européenne. Un « miracle » géopolitique qui reste incompréhensible en Asie où aujourd’hui Pékin et Tokyo se déchirent pour les ilots Senkaku. Une célébration utile au moment où D. Cameron annonce un referendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’UE… pour renégocier les termes de son adhésion.

Etats-Unis : l’an I d’Obama II

L’année 2013 commence par un accord arraché in extremis pour éviter une « fiscal cliff ». Les exemptions fiscales accordées par G.W. Bush arrivant à échéances, l’Amérique était menacée d’une récession causée par une hausse d’impôts de 600 millions de dollars. L’impôt sera néanmoins relevé pour les couples gagnant plus de 450 000 dollars par an (2% de la population) et de nouvelles négociations sont prévues concernant les réductions budgétaires et le relèvement du plafond de la dette qui vient de dépasser les 100% du PIB. Un accord de circonstance car les cheks and balances menacent aujourd’hui les institutions américaines de paralysie.

Le Boeing 787 « Dreamliner » est, à l’échelle de la planète, cloué au sol après une série d’incidents (problèmes dans le système électrique, une batterie prend feu sur un avion de Japan Airlines, une vitre du cockpit se fissure sur un autre appareil…) qui ternit considérablement son image. Il est le fruit du « made in world », pas moins de 7 pays répartis sur trois continents contribuent à sa construction …

Le climat reste tendu en Asie

La Corée du Nord réagit à l’élargissement des sanctions de l’ONU (après un tir de fusée) en faisant un chantage autour d’un possible troisième essai nucléaire. Pékin hausse le ton de façon inédite face à un régime qu’elle aide : une première assez remarquable.

Ce contexte assez anxiogène pousse Tokyo à vouloir augmenter son budget militaire à la hauteur de 1,6 milliards d’euros, pour acheter des systèmes antimissiles et moderniser la flotte de F15.

Copyright 31 janvier 2013-Degans/Diploweb.com


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